de l’organifation, dont le moule une fois donné, modèle
toute la matière qu’il admet, & de brute qu’elle étoit,
la rend organifée.
L ’eau qui s’unit fi volontiers avec l’air & qui entre avec
lui en fi grande quantité dans les corps organifés, s’unit
aulfi de préférence avec, quelques matières folides, telles
que les fols, & c ’eft fouvent par leur moyen qu’elle entre
dans la compofition des minéraux. Le fel au premier coup
d’oeil ne paroît être qu’une terre dilfoluble dans l’eau &
d’une fiveur piquante ; mais les Chimiftes en recherchant
f i nature ont très-bien reconnu qu’elle confifte principalement
dans la réunion de ce qu’ils nomment le principe
terreux & le principe aqueux ; l’expérience de l’acide
nitreux qui ne lailfe après fi combuftion qu’un peu de
ta re & d’eau, leur a même fiit penfer que ce fel & peut-
être tous les autres fiels n’étoient abfolument compolës
que de ces deux élémens; néanmoins il me paroît qu’on
peut démontrer aifiément que l’air & le feu entrent dans
leur compofition ; puifique le nitre produit une grande
quantité d'air dans la combuftion , & que cet air fixe
fiippolè du feu fixe qui s’en dégage en même temps ; que
d’ailleurs toutes les explications qu’on donne de la diftb-
lution ne peuvent fo foutenirà moins qu’elles n’admettent
deux forces oppofëes, l’une attractive & l’autre expanfive,
& par conféquent la prélènce des élémens de l ’air & du-
feu, qui font lèuls doués de cette foconde force ; qu’enfin
ce foroit contre toute analogie que le fol ne fo trouveroit
compofp que des deu# élémens de fi terre & de l ’eau,.
d e s M i n e r a u x , IL * Partie, 11 x
tandis que toutes les autres fubftances font corripofoes des
quatre élémens. Ainfi l’on ne doit pas prendre à la rigueur
ce que les grands Chimiftes „M." Stahl &Macquer, ont
dit à ce fujet; les expériences de M. Haies démontrent
que le vitriol & le fel marin contiennent beaucoup d’air
fixe, que le nitre en contient encore beaucoup plus &
jufiqu a concurrence du huitième de fion poids, & le fel
de tartre encore plus. On peut donc affurerque l’air entre
comme principe dans la compofition de tous les fols ; &
que comme il ne peut fe fixer dans aucune fubftance
qu’à l’aide de la chaleur ou du feu qui fe fixent en même
temps, ils doivent être comptés au nombre de leurs parties
conftitutives. Mais cela n’empêche pas que le fol ne doive
auiïi être regardé comme la fubftance moyenne entre la
terre & l’eau, ces deux élémens entrent en proportion
différente dans les différens fols ou fobftances filines dont
la variété & le nombre font fi grands qu’on ne peut en
faire l’énumération ; mais qui préfontées généralement fous
les dénominations d acides & d’alkalis, nous montrent
qu’en général, il y a plus de terre & moins d’eau dans
ces derniers fols, & au contraire plus d’eau & moins de
terre dans les premiers.
Néanmoins l’eau, quoique intimément mêlée dans les
fols, n y eft ni ffiée ni réunie par une force affez grande
pour 1a transformer en matière folide comme dans fi
pierre calcaire; elle réfide dans le fol ou dans fon acide
fous fa forme primitive, & l’acide le mieux concentré, le
plus dépouillé d’eau, qu’on pourroit regarder ici comme