trois autres Auteurs du i i i .c fiècle, qui difènt feulement
qu’Archimède brûla de loin les vaifTeaux des Romains,
fans expliquer les moyens dont il fè fervit ; mais les témoignages
des Auteurs du x n * fiècle ne font point
équivoques, & fur-tout ceux de Zoriaras & de Tzetzès
que j’ai cités, c ’eft-à-dire, ils nous font voir clairement
que cette invention étoit connue des Anciens, car la
defcription qu’en fait ce dernier Auteur, fûppofe nécef-
fàirement ou qu’il eut trouvé lui-même le moyen de
conftruire ces miroirs, ou qu’il l’eût appris & cité d’après
quelque Auteur qui en avoit fait une très-exaéte defcrip-
tion, & que l’inventeur, quel qu’il fut, entendoit à fond
fa théorie de ces miroirs, ce qui réfulte de ce que dit
Tzetzès de la figure de 24 angles ou 24 côtés qu’avoient
^ les petits miroirs, ce qui efl en effet la figure la plus
avantageufè ; ainfi on ne peut pas douter que ces miroirs
n’aient été inventés & exécutés autrefois, & le témoignage.
de Zonaras au fujet de Proclus n’efl pas fùfpeét,
. Proclus s’en fervit, dit - i l , au fége de Conflantinople,
l ’an J 1 4 , ér il brûla la flotte de Vitalien. Et même ce
que Zonaras ajoute me paroît une efpèce de preuve,
qu’Archimède étoit le premier inventeur de ces miroirs,
car il dit précifëment que cette découverte étoit ancienne,
& que l’hifiorien Dion en attribue l’honneur à Archimède
qui la fit & s’en fervit contre les Romains au fiége de
Syracufè ; les Livres de D ion , où il efl parlé du fiége de
Syracufè, ne font pas parvenus jufqu’à nous, mais il y a
grande apparence qu’ils exiftoient encore du temps de
Zonaras,
D E S M IN É R A U X , Partie Expérimentale. 449
Zonaras, & que fans cela il ne les eut pas cités comme
il l’a fiit. Ainfi toutes les probabilités de part & d’autre
étant évaluées, il refie une forte préfomption qu’Archimède
avoit en effet inventé ces miroirs, & qu’il s’en étoit
fèrvi contre les Romains. Feu M. Melot, que j’ai cité
dans mon Mémoire, & qui avoit fait des recherches
particulières & très - exaétes fur ce fùjet, étoit de ce
fèntiment, & il penfoit qu’Archimède avoit en effet brûlé
les vaifTeaux à une diftance médiocre, & comme le dit
Tzetzès, à la portée du trait; j’ai évalué la portée du
trait à 1 50 pieds, d’après ce que m’en ont dit des Savans
très-verfés dans la connoiffance des ufâges anciens, ils
m’ont affiné que toutes les fois qu’il efl queftion, dans
les Auteurs, de la portée du trait, on doit entendre la
diftance à laquelle un homme iançoit à la main .un trait
ou un javelot, & fi cela efl, je crois avoir donné à cette
diftance toute l ’étendue qu’elle peut comporter.
J ’ajouterai qu’il n’eft queftion dans aucun Auteur
ancien, d’une plus grande diftance, comme de trois ftades,
& j’ai déjà dit que l’Auteur qu’on m’avoit cité, Diodore de
Sicile , n’en parle pas, ifon plus que du fiége de Syracufè,
& que ce qui nous refte de cet Auteur, finit à la guerre
d’Ipfùs & d’^Antigonus, environ foixanteans avant le fiége
de Syracufè; ainfi on ne peut pas excufèr Defoartes, en
fùppofant qu’il a cru que la diftance à laquelle on a prétendu
qu’Archimède avoit brûlé, étoit très-grande, comme, par
exemple, de trois ftades, puifque cela n’eft dit dans aucun
Auteur ancien , & qu’au contraire il efl dit dans Tzetzès,
Supplément. Tçme 1. . L ü