feu a auiïi fes différens degrés de chaleur, qui parodient
moins dépendre de fa nature propre que de celle des
alimens qui le nourriffent. Ainfr toute la matière connue,
eft chaude, & dès-lors la chaleur eft une afïeétion bien
plus générale que celle de la lumière.
La chaleur pénètre tous les corps qui lui font expofes,
& cela fans aucune exception, tandis qu’il n’y a que les
corps tranfparens qui lailfent paffer la lumière, & qu’elle eft
arrêtée & en partie repouffée par tous les corps opaques.
La chaleur femble donc agir d’une manière bien plus
générale & plus palpable que n’agit la lumière, & quoique
fes molécules de la chaleur fbient exceftivement petites,
puifqu’elies pénètrent les corps les plus compactes, il
me femble néanmoins que l ’on peut démontrer qu’elles
font bien plus groffes que celles de la lumière ; car on
fait de la chaleur avec la lumière, en la réunifiant en
grande quantité; d’ailleurs la chaleur agiffant fur le fèns
du toucher, il eft néceffaire que fon aétion foit proportionnée
à la groffièreté de ce fèns, comme la délicateffe
des organes de la vue paroît l’être à l’extrême fineffe des
parties de la lumière: celles-ci fe meuvent avec la plus
grande vîteffe, agiffent dans i’inftant à des diftances
immenfès, tandis que celles de la chaleur n’ont qu’un
mouvement progreflif affez lent, qui ne paroît s’étendre
qu’à de petits intervalles du corps dont elles émanent.
Le principe de toute chaleur paroît être l’attrition des
corps ; tout frottement, c’eft-à-dire, tout mouvemerit en
fèns contraire entre des matières folides, produit de la
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chaleur, & fi ce même effet n’arrive pas dans les fluides,
c ’eft parce que leurs parties ne fe touchent pas d’affez
près pour pouvoir être frottées les unes contre les autres;
& qu’ayant peu d’adhérence entr’elles, leur réfiftance au
choc des autres corps eft trop foible, pour que la chaleur
puiffe naître ou fè manifefter à un degré fenfible ; mais
dans ce cas, on voit fouvent de la lumière produite par
ce frottement d’un fluide, fans fentir de la chaleur. Tous
fes corps, foit en petit ou en grand volume, s’échauffent
dès qu’ils fe rencontrent en fèns contraire : la chaleur
eft donc produite par le mouvement de toute matière
palpable & d’un volume quelconque ; au lieu que la
production de la lumière qui fè faitauflï par le mouvement
en fens contraire, fuppofe deplusladivdion delà matière
en parties très - petites ; & comme cette opération de la
Nature eft la même pour la production de la chaleur &
celle de la lumière, que c ’eft le mouvement en fèns
contraire, la rencontre des corps, qui produifènt l’un &
l ’autre, on doit en conclure que les atomes de la lumière
font folides par eux - mêmes, & qu’ils font chauds au
moment de leur naiffance ; mais on ne peut pas également
affurer qu’ils confèrvent leur chaleur au même degré que
leur lumière, ni qu’ils ne ceffent pas d’être chauds avant
de ceffer d’être lumineux. Des expériences familières
paroiffent indiquer que la chaleur de la lumière du foie il
augmente en paffant à travers une glace plane, quoique
fa quantité de la lumière foit diminuée considérablement
par la réflexion qui fe frit à la furfrce extérieure de fa