cette vérité* d’abord repouffante, que toutes nos collines,
tous nos rochers de pierre calcaire, de marbre, de craie, &c.
ne viennent originairement que de la dépouille de ces petits
animaux. On n’en pourra douter à l’infpeétion des matières
même, qui toutes contiennent encore des coquilles ou
des détrimens de coquilles très-aifément reconnoiffables.
Les pierres calcaires ne font donc en très-grande partie
que de l’eau & de l ’air contenus dans l’eau, transformés
par le filtre animal ; les fols, les bitumes, les huiles, les
grailfes de la mer n’entrent que pour peu ou pour rien
dans la compofition de la coquille ; auffi la pierre calcaire
ne contient-elle aucune de ces matières ; cette pierre n’eft
que de l ’eau transformée, jointe à quelque petite portion
de terre vitrifiable & à une très-grande quantité d’air fixe
qui s’en dégage par la calcination. Cette opération produit
les mêmes effets fur les coquilles qu’on prend dans la mer
que fiir les pierres qu’on tire des carrières, . elles forment
également de la chaux, dans laquelle on ne remarque
d’autre différence que celle d’un peu plus ou d’un peu
moins de qualité ; la chaux faite avec des écailles d’huître
ou d’autres coquilles, efl plus foible que la chaux faite avec
du marbre ou de la pierre dure ; mais le procédé de la Nature
efl le même, les réfùltats de fbn opération les mêmes;
les coquilles & les pierres perdent également près de moitié
de leur poids par l’aétion du feu dans la calcination ; l’eau
qui a confèrvé fa nature en fort la première, après quoi
l ’air fixe fo dégage & enfoite l’eau fixe dont ces fubflances
pierreufes font eompofées reprend fâ première nature &
d e s M i n é r a u x , I I * Partie. 107
s’élève en vapeurs pouffées & raréfiées par le feu, & il ne
refte que les parties les plus fixes de cet air & de cette
eau qui peut-être font fi fort unies entr’elles, & à la petite
quantité de terre fixe de la pierre que le feu ne peut les
féparer. La maffe fe trouve donc réduite de près de moitié,
&fe réduiroit peut-être encore plus fi l’on donnait un feu
plus violent. Et ce qui me fèmble prouver évidemment
que cette matière chaffée hors de la pierre par le feu.,
n’efl: autre chofo que de l’air & de l’eau, c ’efl la rapidité,
l’avidité avec laquelle cette pierre calcinée reprend l’eau
qu’on lui donne, & la force avec laquelle elle la tire de
l ’atmofphère lorfqu’on la lui refufe. La chaux, par fbn
extinction ou dans l’air ou dans l’eau, reprend en grande
partie la maffe qu’elle avoit perdue par la calcination ; l ’eau
avec l’air qu’elle contient vient remplacer l’eau & l’air
qu’elle contenoit précédemment, la pierre reprend dès^
lors fà première nature; car en mêlant fa chaux avec des
détrimens d’autres pierres, on fait un mortier qui fo durcit
& devient avec le temps une fitbftance folide & pierreufo
comme celles dont on l’a compofé.
Après cette expofition, je ne crois pas qu’on puiffe
douter de la transformation de l’eau en terre ou en pierre
par l’intermède des coquilles. Voilà donc d’une part toutes
les matières calcaires, dont on doit rapporter l’origine aux
animaux, & d’autre part toutes les matières combuffibles
qui ne proviennent que des fubftances animales ou végétales
; elles occupent enfomble un affez grand efpace à la
furfàee de la terre, & l’on peut juger par leur volume
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