planches qui portent les glaces, tout cela conforme à un
modèle que j’ai fait exécuter par le fieur Chopitel, afin
que la féchereffe & l’humidité qui agiffent fur le chaffis &
les vis en bois ne caufàffent pas d’inconvénient, & que
le foyer, lorfqu’il eft une fois formé, ne fût pas fujet à
s’élargir, & à fè déranger lorfqu’on lait rouler le miroir
fur fon pivot, ou qu’on le fait tourner autour de Ion axe
pour fùivre le Soleil : il faudrait auffi y ajouter une alidade
avec deux pinnules au milieu de la partie inférieure du
chaffis, afin de s’affurer de la pofition du miroir par rapport
au Soleil, & une autre alidade femblable, mais dans un
plan vertical au plan de la première pour fùivre le Soleil
à fès différentes hauteurs.
Au moyen de toutes ces attentions, je crois pouvoir
affurer, par l’expérience que j’ai acquifè en me fèrvant
de mon miroir, qu’on pourrait en réduire la grandeur à
moitié, & qu’au lieu d’un miroir de fèpt pieds avec lequel
j’ai brûlé du bois à 150 pieds, on produirait le même
effet avec un miroir de cinq pieds|-, ce qui n’eft, comme
l ’on voit, qu’une très - médiocre grandeur pour un très-
grand effet ; & de même, je crois pouvoir affurer qu’il ne
faudroit alors qu’un miroir de quatre pieds \ pour brûler
à 100 pieds, & qu’un miroir de trois pieds {■ brûlerait
à 60 pieds, ce qui eft une diftance bien confidérable en
comparaifon du diamètre du miroir.
Avec un affemblage de petits miroirs plans hexagones
& d’acier poli, qui auraient plus de folidité, plus de durée
que les glaces étamées, & qui ne feroient point fùjets aux
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 453
altérations que la lumière du Soleil fait fubir à la longue
à l’étamage, on pourrait produire des effets très-utiles,
& qui dédommageraient amplement des dépenfès de la
conftruétion du miroir.
i.° Pour toutes les évaporations des eaux fàlées, où
l’on eft obligé de confommer du bois & du charbon,
ou d’employer l’art des bâtimens de graduation qui coûtent
beaucoup plus que la conftruétion de plufieurs miroirs
tels que je les propofè. Il ne faudroit, pour l’évaporation
des eaux fàlées, qu’un affemblage de douze miroirs plans
d’un pied quarré chacun ; la chaleur qu’ils réfléchiront à
leur foyer, quoique dirigée au-deffous de leur niveau, &
à 15 ou 16 pieds de diftance, fera encore affez grande
pour faire bouillir l’eau, & produire par conféquent une
prompte évaporation, car la chaleur de l’eau bouillante
n’eft que triple de la chaleur du Soleil d’été ; & comme
la réflexion d’une fùrfàce plane bien polie ne diminue la
chaleur que de moitié, il ne faudroit que fix miroirs pour
produire au foyer une chaleur égale à celle de l’eau bouillante
, mais j’en double le nombre afin que la chaleur fê
communique plus vite, & auffi à caufè de la perte occa-
fionnée par l’obliquité, fous laquelle le fàifceau de la lumière
tombe fur la furface de l ’eau qu’on veut faire évaporer,
& encore parce que l’eau falée s’échauffe plus lentement
que l’eau douce. C e miroir dont i’affembiage ne formerait
qu’un quarré de quatre pieds de largeur fur trois de hauteur,
feroit aifé à manier & à tranfporter ; & fi l’on voulait en
doubler ou tripler les effets dans le même temps, il vaudrait