le Soleil & j ’ai vu les memes couleurs ; mais comme je
craignois de me faire mal aux yeux en regardant cet alîre,
j ’ai mieux aimé continuer mes expériences for.des étoffes
colorées, & j ’ai trouvé qu’en effet ces couleurs accidentelles
changent en fe mêlant avec les couleurs naturelles,
& qu’elles foivent les mêmes règles pour les apparences;
car lor/que la couleur verte accidentelle, produite par le
rouge naturel, tombe for un fond rouge brillant, cette
couleur verte devient jaune; fi la couleur accidentelle
bleue, produite par le jaune vif, tombe lùr un fond
jaune * elle, d e v i e n t v e r t e ; en forte que les couleurs qui
réfoltent du mélange de ces c o u le u r s a c c id e n t e l le s avec
les couleurs naturelles, foivent les mêmes règles ■ & ont
les mêmes apparences que les couleurs naturelles dans
leur compofition & dans leur mélange avec d’autres
couleurs naturelles.
Ces obfervations pourront être de quelque utilité
pour la connoifiànce des incommodités des’ yeux, qui
viennent probablement d’un grand ébranlement caufé
par l’impreffion trop vive de la lumière ; une de ces
incommodités, eft de voir toujours devant lès yeux des
taches colorées, des cêrcles blancs ou des points noirs
comme des mouches qui voltigent. J ’ai ouï bien des
perfonnes fe plaindre de cette eljfece d’incommodité, &
j ’ai Iû dans quelques Auteurs de Médecine, que la goutte 1èreine eft toujours précédée de ces points noirs. Je ne
lais pas fi leur fentiment eft fondé for l’expérience1, car
j ’ai éprouvé moi-même cette incommodité, j ’ai vu des
D E S M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 535
points noirs pendant plus de trois mois en ii grande
quantité que j’en étois fort inquiet ; j avois apparemment
fatigué mes yeux en failànt & en répétant trop fouvent
les expériences précédentes, & en regardant quelquefois
le Soleil,- car les points noirs ont paru dans ce même
temps, & je n’en avois jamais vu de ma vie ; mais enfin ils
m’incommodoient tellement, for-tout iorfque je regardois
au grand jour des objets fortement éclairés, que j’étois
contraint de détourner les yeux; le jaune for-tout m’étoit
infopportable, & j’ai été obligé de changer des rideaux
jaunes dans la chambre que j’habitois & d’en mettre de
verts; j ’ai évité de regarder toutes les couleurs trop fortes
& tous les objets britlans, peu-à-peu le nombre des
points noirs a diminué, & aéluellement je n’en fois plus
incommodé. C e qui m’a convaincu que ces points noirs
viennent de la trop forte impreffion de la lumière, c ’eft
qu’après avoir regardé le Soleil, j’ai toujours vu une
image colorée que je portois plus ou moins long-tempà
for tous les objets, & fuivant avec attention les différentes
nuances de cette image colorée, j’ai reconnu qu’elle fe
décoloroit peu-à-peu, & qu’à la fin je ne portois plus
fur les objets qu’une tache noire, d’abord affez grande,
qui diminuoit enfoite peu-à-peu, & fe réduifoit enfin à
un point noir.
Je vai s rapporter à cette occafion un fait qui eft affez
remarquable, c ’eft que je n’étois jamais plus incommodé
de ces points noirs que quand le ciel étoit couvert de
nuées blanches, ce jour me fatiguoit beaucoup plus que
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