matière fixe, eft une des plus fréquentes opérations de fa
Nature !
Après avoir montré que l’impulfion dépend de i’attrac-
tion, que la force expanfive eft la même que la force,
attraélive devenue négative ; que la lumière, & à plus
forte raifbn la chaleur & le feu ne font que des manières
d’être de la matière commune ; qu’il n’exifte en un mot
qu’une foule force & une foule matière toujours prête à
.s’attirer ou à fo repouffer foivant les circonftances : Recherchons
comment avec ce foui reffort & ce foui fùjet,
la Nature peut varier fos oeuvres à l’infini. Nous mettrons
de la méthode dans cette recherche, & nous en préfen-
terons les réfùltats avec plus de clarté, en nous abftenant
de comparer d’abord les objets les plus éloignés, les plus
oppofés, comme le feu & l’eau, l’air & la terre, & en
nous conduifint au contraire par les mêmes degrés, par
les mêmes nuances douces que fuit la Nature dans toutes
fos démarches. Comparons donc les chofos les plus voi-
fines, & tâchons d’en fiifir les différences, c ’eft-à-dire,
les particularités, & de les préfonter avec encore plus
d’évidence que leurs généralités. Dans le point de vue
général, la lumière, la chaleur & le feu ne font qu’un
foui objet, mais dans le point de vue particulier, ce font
trois objets diftinéls, trois chofos qui, quoique fe ref-
fembiant par un grand nombre de propriétés, different
néanmoins par un petit nombre d’autres propriétés affez
effentielles, pour qu’on puiffe les regarder comme troif
chofos différentes, & qu’on doive les comparer une à une.
D E S M l N Ê R A U X , I.re Partie. 19
Quelles font d’abord les propriétés communes de fa
lumière & du feu, quelles font auffi leurs propriétés différentes
î La lumière, dit-on, & le feu élémentaire ne font
qu’une même chofo, une foule fubflance : cela peut
être, mais comme nous n’avons pas encore d’idée nette
du feu élémentaire, abffenons-nous de prononcer fur ce
premier point. La lumière & le feu, tel que nous les
connoiffons, ne font-ils pas au contraire deux chofos
différentes, deux fùbftances diflinétes & compofées différemment!
le feu eft à la vérité très-fouvent lumineux,
mais quelquefois auffi le feu exifte fans aucune apparence
de lumière; le feu, foit lumineux, foit obfcur, n’exifte
jamais fins une grande chaleur, tandis que la lumière
brille fouvent avec éclat fins la moindre chaleur fenfible.
La lumière paroît être l’ouvrage de la Nature, le feu n’eft
que le produit de l’induftrie de l’homme : la lumière fob-
fifte, pour ainfi dire, par elle-même, & fo trouve répandue
dans les efpaces immenfos de l’Univers entier : le feu ne
peut fobfifter qu’avec des alimens, & ne fe trouve qu’en
quelques points de l’e/pace où l’homme le conforve, &
dans quelques endroits de la profondeur de la terre, où
il fo trouve également entretenu par des alimens convenables.
La lumière, à la vérité, lorfqu’elle eft condenfoe,
réunie par l’art de l’homme, peut produire du feu; mais
ce n’eft qu’autant qu’elle tombe fur des matières com-
buftibles. La lumière n’eft donc tout au plus, & dans ce
foui cas, que Je principe du feu, & non pas le feu; ce
principe même n’eft pas immédiat, il en fùppofe un
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