4 7 6 I n t r o d u c t i o n à l’H i s t o i r e
de l’obforver à l’oeil fimple, & la différente réfrangibilité
de fes rayons rend fbn image confufe lorfqu’on la reçoit au
foyer d’un objectif fur un carton, auffi la furface du Soleil
nous eft-elle moins connue que celle des autres planètes.
Cette différente réfrangibilité des rayons ne ferait pas à
beaucoup près entièrement corrigée dans cette longue
lunette remplie d’eau: mais fi cette liqueur pouvoir, par
l ’addition des fels, être rendue auffi denfè que le verre,
ce ferait alors la même chofe que s’il n’y avoit qu’un
feul verre à traverfer, & il me femble qu’il y auroit plus
d’avantage à fè fèrvir de ces lunettes remplies d’eau, que
de lunettes ordinaires avec des verres enfumés.
Quoi qu’il en foit, il eft certain qu’il faut pour obferver
le Soleil une lunette bien différente de celles dont on
doit fè fervir pour les autres affres, & il eft encore très-
certain qu’il faut pour chaque planète une lunette particulière,
& proportionnée à leur intenfité de lumière ,
c ’efl - à-dire, à la quantité réelle de lumière dont elles
nous paroiffent éclairées. Dans toutes les lunettes il faudrait
donc l’objeétif auffi grand, & l’oculaire auffi fort
qu’il eft poffibfe, & en même temps proportionner fa
diftance du foyer à l’intenfité de la lumière de chaque
planète. Par exemple, Vénus & Saturne font deux planètes
dont la lumière eft fort différente; lorfqu’on les
obfèrve avec la même lunette on augmente également
l’anghe fous lequel on les voit, dès-lors la lumière totale
de la planète paroît s’étendre fur toute fa furface d’autant
plus qu’on la groffit davantage, ainfi à mefure qu’on
d e s MINÉRAUX, Partie Expérimentale. 4 7 7
agrandit fon image on la rend fornbre, à peu-près dans
la proportion du quarré de fon diamètre ; Saturne ne
peut donc fans devenir obfcur être obfervé avec une
lunette auffi forte que Vénus. Si l’intenfité de lumière
de celle-ci permet de la groffir cent ou deux cents fois
avant de devenir fornbre, l’autre ne fouffrira peut-être
pas la moitié ou le tiers de cette augmentation fans devenir
tout-à-fait obfcure. 11 s’agit donc de faire une lunette
pour chaque planète proportionnée à leur intenfité de
lumière, & pour le faire avec plus d’avantage il me femble
qu’il n’y faut employer qu’un objeélif d’autant plus grand,
& d’un foyer d’autant moins long que la planète a moins
de luntièré. Pourquoi jufqu’à ce jour n’a-t-on pas fait
des objectifs de deux & trois pieds de diamètre ï l’aberration
des rayons caufée par la fphéricité des verres en
eft la foule caufo, elle produit une confufion qui eft
comme le quarré du diamètre de l’ouverture ( l) , & c ’eft
par cette raifon que les verres fphériques qui font très-
bons avec une petite ouverture ne valent plus rien quand
on l’augmente ; on a plus de lumière, mais moins de difi
tinélion & de netteté. Néanmoins les verres fphériques
larges font très-bons pour faire des lunettes de nuit ; les
Anglois ont confirait des lunettes de cette efjfoce, & ils
s’en forvent avec grand avantage pour voir de fort loin
les vaiffeaux dans une nuit obfcure. Mais maintenant que
l ’on fait corriger en grande partie les effets de la différente
(!) Smith’s Optici, Boock, 2 , cap. Y 11, art, 346.