P r e m i è r e a d d i t i o n .
C omme j’étois fur le point de livrer ces feuilles à
l’imprefiion, le hafard fit que je parlai de mes idées fur
la platine, à M. le comte de Milfy qui a beaucoup de
connoiffances en Phyfique & en Chimie, il me répondit
qu’il penfbit à peu-près comme moi lur la nature de ce
minéral, je lui donnai le Mémoire ci-deflùs pour l’examiner,
& deux jours après il eut la bonté de m’envoyer
les obfervatïons fiiivantes, que je crois aufli bonnes que
les miennes, & qu’il m’a permis de publier enfèmble.
« J ’ai pefé exactement trente-fix grains de platine, je
» l’ai étendue fur une feuille de papier blanc, pour pouvoir
» mieux l’obferver avec une bonne loupe , j’y ai aperçu
» ou j ’ai cru y apercevoir très - diflin&ement, trois fùbf-
» tances différentes; la première avoit le brillant métallique,
» elle étoit la plus abondante ; la féconde vitriforme, tirant
» fur le noir, reflemble affez à une matière métallique fer-
» rugineufe qui auroit fubi un degré de feu confidérable,
»telles que des fcories de fe r , appelées vulgairement
» mâchefer; la troifième, moins abondante que les deux pre-
» mières, efl du fable de toutes couleurs où cependant le
» jaune, couleur de topafe, domine; chaque grain de fable
» çopfidéré à part, offre à la vue des criftaux réguliers de
» différentes couleurs ; j’en ai remarqué de criflallifés en
» aiguilles hexagones, fè terminant en pyramide comme le
» criftal-de-roche, & il m’a femblé que ce fable n’étoit
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 3 rq
qu’un détritus de criftaux-de-roche ou de quartz de dif- «
férentes couleurs. «
Je formai le projet de féparer, le plus exactement pof- «
fible, ces différentes fubfiances par le moyen de l’aimant, «
& de mettre à part la partie la plus attirable à I aimant, «
d’avec celle qui l’étoit moins, & enfin de celle qui ne «
l’étoit pas du tout ; enfùite d’examiner chaque fùbftance «
en particulier & de les foumettre à différentes épreuves «
chimiques & mécaniques. «
Je mis à part les parties de la platine qui furent at- «
tirées avec vivacité à la diftance de deux ou trois lignes, «
c ’eft-à-dire, fans le contaCt de l’aimant, & je me fervis «
pour cette expérience, -d’un bon aimant faCtice de M. «
l’Abbé. . . .; enfùite je touchai avec ce même aimant le «-
métal, & j’en enlevai tout ce qui voulut céder à l’effort «
magnétique, que je mis à part; je pefai ce qui étoit refie «
& qui n’étoit prefque plus attirable ; cette matière non atti- «
rable, & que je nommerai n° 4 , pefoit vingt-trois grains; «
i f qui étoit le plus fenfible à l’aimant, pefoit quatre «-
grains; n.° 2 , pefoit de même quatre grains; & n.° 3 , «
cinq grains. “
jy/ j f examiné à la loupe, n’offroit a la vue qu un «
mélange de parties métalliques, d’un blanc fàle tirant fur
le gris , aplaties & arrondies en forme de galets & de «
fable noir vitriforme , reffemblant à du mâchefer pile, «
dans lequel on aperçoit des parties très - rouillees, enfin»
telles que les fcories de fer en préfèntent lorfqu elles ont «
été expofées à l ’humidité. 0