6o I n t r o d u c t i o n à l’H i stoire
qu’on tombe tous les jours dans des eontradiâions apparentes
, & même dans des erreurs très-préjudiciables (q ).
(q) Je vais en donner un exemple
récent. Deux habiles Chimiftes
{•M,rs Pott & d ’A rçet) ont foimiis
im grand nombre de liibftances à
Fanion du feu ; le premier s’eft
fèrvi d’un fourneau que je fuis
étonné que le fécond n’ait point
entendu, puifque rien ne m’a paru
fi clair dans tout l’ouvrage de M.
Pott, & qu’il ne faut qu’un coup
d’oeil fur la planche gravée de ce
foi trneau, pour reconnoître que
par fa conflruClion, il peut, quoique
fans foufflets, faire à peu-près
autant d’effet que s’il en étoit garni,
car au moyen des longs tuyaux
qui font adaptes au fourneau par
le haut & par le bas, l’air y arrive
& circule avec une rapidité d’autant
plus grande , que les tuyaux
font mieux proportionnés; ce font
des foufflets conftans , & dont on
peut augmenter l’effet à volonté;
cette conftruCtion eft fi bonne &
fi fimple que je ne puis concevoir
que M. d’Arcet dife que ce fourneau
ejl un problème poür lui......... qu’il
tjl perfuadê- que M . P o il a dû fe
fervir de foufflets, &(■ tandis qu’il
eff évident que fon fourneau équivaut
par fa conftruCtion à l’aflion
des foufflets, & que par conféquent
il n’avoit pas bçfoin d’y avoir recours
; que d’ailleurs ce fourneau
eft encore exempt du vice que M.
d’Arcet reprocheaux foufflets,dont
il a raifon de dire que l ’aâion alterne,
fans ceffle renaijfante & expirante,
jette du trouble & de l ’inégalité fur
celle du fe u , ce qui ne peut arriver
ici, puifque par la conftruCtion du
fourneau l’on voit évidemment
que le renouvellement de l’air eft
confiant, & que ion action ne
renaît ni n’expire, mais eft continue
& toujours uniforme : ainfi M .
Pott a employé l’un des moyens
dont on fe doit fervir pour appliquer
le feu ; c’eft-à-dire, un moyen
par lequel, comme par les foufflets,
on augmente la vîteffe du feu,
en le preffant inceffamment par
un air toujours renouvelé ; &
toutes les fufions qu’il a faites par
ce moyen & dpnr j’ai répété quelques
unes, comme celle du grès,
du quartz, &c. font très-réelles,
quoique M. d’Arcet les nie; car
pourquoi les nie-t-il ! c’eft que de
fon côté , au lieu d’employer,
DES M 1 NÉRAUX, V e Partie. 6 l
On pourrait donc dire avec les Naturalises, que tout
comme M. Pott, le premier de
nos procédés généraux, c’eft-à-
dire le feu par fit vîteffe, accélérée
autant qu’il eft poffibie par îe
mouvement rapide de l’air, moyen
par lequel il eût obtenu les mêmes
résultats , il s’eft fervi du fécond
procédé, & n’a employé que le
feu en grand volume dans un
fourneau fins foufflets ou fitns
équivalent, dans lequel par confë-
quent le feu ne devoit pas produire
les mêmes effets , mais devoit en
donner d’autres , que par la même
raifon le premier procédé ne pou-
voit pas produire ; ainfi les contradictions
entre les rélùhats de ces
deux habiles Chimiftes ne font
qu’apparentes & fondées fur deux
erreurs évidentes. La première
confifte à croire que le feu le plus
violent eft celui qui eft en plus
grand volume ; & la fécondé, que
l'on doit obtenir du feu violent
les mêmes réfultats, de quelque
manière qu’on l’applique : cependant
ces deux idées font fauffes ;
la confidération des vérités contraires
eft encore une des premières
pierres qu’il fitudroit pofer aux
fondemens de la Chimie; car ne
ferait- il pas très-néceffaire avant
tout, & pour éviter de pareilles
contradictions à l’avenir, que les
Chimiftes ne perdiiïènt pas de
vue qu’il y a trois moyens généraux
& très-différens l’un de l’autre
d’appliquer le feu violent ! Le
premier, comme je l’ai dit, par
lequel on n’emploie qu’un petit volume
de feu, mais que l’on agite,
aiguife, exalte au plus haut degré
par la vîteffe de l’air, fait par des
foufflets , foit par un fourneau
femblabie à celui de M. Pott,
qui tire l’air avec rapidité: on voit
par l’effet delà lampe d’Émailleur,
qu’avec une quantité de feu pref-
qu’infiniment petite , on fait de
plus grands effets en petit, que le
fourneau de verrerie ne peut en
faire en grand. Le fécond moyen
eft d’appliquer le feu, non pas
en petite, mais en très - grande
quantité , comme on le fait dans
les fourneaux de porcelaine & de
verrerie, où le feu n’eft fort que
par fon volume, où fon action
eft tranquille, & n’eft pas exaltée
par un renouvellement très-rapide
de l’air. Le troifième moyen eft
d’appliquer le feu en très - petit