les paillettes d’or fe trouvant avec ces globules de
mercure dans la même matière, elles feroient bientôt
amalgamées, & ne confèrveroient pas la couleur jaune
de l’or que j’ai remarquée dans toutes les paillettes d’or
que j’ai pu trouver dans une demi-livre de platine M .
D ’ailleurs les globules tranfparens, dont je viens de parler,
reffemblent beaucoup à des globules de mercure vif &
brillant, en forte qu’au premier coup d’oeil il eft aifé de
s’y tromper.
3.0 Il y avoit beaucoup moins de parties ternes &
rouillées dans ma première platine que dans celle de M.
de Milly, & ce n’eft pas proprement de la rouille qui
couvre la forface de ces particules ferrugineufos, mais
une fobftance noire, produite par le feu, & tout-à-fàit
fèmblable à celle qui couvre la forface du'fer brûlé : mais
ma féconde platine, c ’eft-à-dire, celle que j’ai prifé au
Cabinet du Roi, avoit encore de commun avec celle de
M. le comte de Milly, d’être mélangée de quelques parties
ferrugineufès, qui, fous le marteau, fè réduifoient en
pouffière jaune & avoient tous les caractères de la rouille.
Ainfi cette platine du Cabinet du Roi, & celle de M. de
Milly, fe reffemblant à tous égards, il eft vraifemblable
qu’elles font venues du même endroit & par la même
voie; je fbupçonne même que toutes deux ont été
(g) J ’ai trouvé depuis dans
d’autre platine des paillettes d’or
qui n’étoient pas jaunes , mais
brunes & même noires comme le
làblon ferrugineux de la platine,
qui probablementleur avoit donné
cette couleur noirâtre.
DES M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 323
fophiftiquées & mélangées de près de moitié, avec des
matières étrangères criftallines & ferrugineufes rouillées,
qui ne fe trouvent pas dans la platine naturelle.
4.0 La produétion du bleu de Pruffe par la platine,
me paroît prouver évidemment la préfence du fer dans
la partie même de ce minéral qui eft la moins attirable à
l’aimant, & confirmer en même temps ce que j’ai avancé
du mélange intime du fer dans fa fobftance. Le décapement
de la platine par l’efprit de nitre, prouve que quoiqu’il
n’y ait point d’effervefcence fénfible, cet acide ne laide
pas .d’agir fur la platine d’une manière évidente, & que les
Autèurs qui ont afluré le contraire, ont foivi leur routine
ordinaire, qui confifte à regarder comme nulle toute
aélion qui ne produit pas l’effervefcence. Ces deux expériences
de M. de Milly me paroiflent très-importantes,
elles feroient même décifives fi elles réuffiffoient toujours
également.
5.0 II nous manque en effet beaucoup de connoiffances
qui feroient néceflaires , pour pouvoir prononcer affirmativement
fur l’origine de la platine. Nous ne favonsrien de
l’hiftoire naturelle de ce minéral, & nous ne pouvons trop
exhorter ceux qui font à portée de l’examiner for les lieux,
de nous faire part de leurs obfèrvations. En attendant, nous
femmes forcés de nous borner à des conjeélures, dont
quelques-unes me paroiflent feulement plus vraifèm-
blabl^s que les autres. Par exemple, je ne crois pas que
la platine foit l’ouvrage des hommes ; les Mexicains &
les Péruviens favoient fondre & travailler l’or avant l’arrivée