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réfrangibilité des rayons, il me fernble qu’ il faudrait
s’attacher à faire des verres elliptiques ou hyperboliques
qui ne produiraient pas cette aberration caufée par la
fphéricité, & qui par conféquent pourraient être trois ou
quatre fois plus larges que les verres fphériques. Il n’y a
que ce moyen d’augmenter à nos yeux la quantité de lumière
que nous envoient les planètes, car nous ne pouvons
pas porter fur les planètes une lumière additionnelle
comme nous le fàifons fur les objets que nous obfervons
au microfcope, mais il faut au moins employer le plus
avantageufement qu’il eft poffible, la quantité de lumière
dont elles font éclairées, en la recevant fur une fiirface
auffi grande qu’il fe pourra. Cette lunette hyperbolique
qui ne ferait compofée que d’un feul grand verre objeétif,
& d’un oculaire proportionné, exigeroit une matière de la
plus grande tranfparence. On réunirait par ce moyen tous
les avantages polfibles, c ’eft-à-dire, ceux des lunettes
achromatiques à celui des lunettes elliptiques ou hyperboliques
, & l’on mettrait a profit toute la quantité de
lumière que chaque planète réfléchit à nos yeux. Je puis
me tromper, mais ce que je propofe me paraît aflez
fondé pour en recommander l’exécution aux perfonnes
zélées pour l’avancement des Sciences.
Me laiflant aller à ces efpèces de rêveries, dont quelques
unes néanmoins fe réaliferont un jour, & que je ne
publie que dans cette efpérance, j’ai fongé au miroir du
port d’Alexandrie, dont quelques Auteurs anciens ont
parlé, & par le moyen duquel on voyoit de très-loin les
DES MINÉRAUX, Partie Expérimentale. 4.79
vaifleaux en pleine mer. Le paflàge le plus pofitif qui me
foit tombé fous les yeux eft celui que je vais rapporter :
Alexandria....... ...... in Pharo-vero erat fpeculwn e ferro ïimco.
Per rj-uod a longe vide ban tur naves Græcorum advententes ; fed
paulo poflquam Ifiamifimis invaluit, fcilicet tempore Califatûs
Walid -fil : A ld i- 1-melec, Chrijliani, fraude adhibitâ illud
ddevenmt. Abu-l-feda , &c. Defcriptio Ægypti.
J ’ai penfé 1,° que ce miroir par lequel on voyoit de
loin les vaifleaux arriver, n’étoit pas impoflible; z.° que
même fans miroir ni lunette, on pourroit par de certaines
difpofitions obtenir le même effet, & voir depuis le port
les vaiffeaux peut-être d’aufti loin que la courbure de la
Terre le permet. Nous avons dit que les perfonnes qui ont
bonne vue, aperçoivent les objets éclairés par le Soleil à
plus de trois mille quatre cents fois leur diamètre, & en
même temps nous avons remarqué que la lumière intermédiaire
nuifoit fi fort à celle des objets éloignés, qu’on
apercevoit la nuit un objet lumineux de dix, vingt & peut-
être cent fois plus de diftance qu’on ne 1e voit pendant le
jour. Nous lavons que du fond d’un puits très-profond
l’on voit les étoiles en plein jour (tn), pourquoi donc ne
verroit- on pas de même les vaifleaux éclairés des rayons
du Soleil, en fe mettant au fond d’une longue galerie
fort obfeure, & fituée lùr le bord de la mer, de manière
qu’elle ne recevrait aucune lumière que celle de la mer
(tri) Ariftote eft je crois le
premier qui ait fait mention de
cette obfervaiioir, & j’en ai cité le
paffage à l’article du Sens de là.
Vue, tome I I I de cette Hifloire
Naturelle.