
 
        
         
		4 7 8   I n t r o d u c t i o n   à  l’H i s t o ir e   
 réfrangibilité  des  rayons,  il  me  fernble  qu’ il  faudrait  
 s’attacher  à  faire  des  verres  elliptiques  ou  hyperboliques  
 qui  ne  produiraient  pas  cette  aberration  caufée  par  la  
 fphéricité, &  qui  par  conféquent pourraient  être  trois  ou  
 quatre  fois  plus  larges  que  les  verres  fphériques.  Il  n’y  a  
 que  ce moyen d’augmenter  à  nos  yeux  la  quantité  de  lumière  
 que nous  envoient les planètes, car nous ne pouvons  
 pas  porter  fur  les  planètes  une  lumière  additionnelle  
 comme nous  le  fàifons  fur  les  objets  que  nous  obfervons  
 au  microfcope, mais  il  faut  au  moins  employer  le  plus  
 avantageufement  qu’il  eft  poffible,  la quantité  de  lumière  
 dont  elles  font  éclairées,  en  la  recevant  fur  une  fiirface  
 auffi  grande  qu’il  fe  pourra.  Cette  lunette  hyperbolique  
 qui ne ferait compofée que d’un feul  grand  verre  objeétif,  
 & d’un  oculaire  proportionné, exigeroit  une  matière de la  
 plus grande  tranfparence.  On  réunirait par  ce moyen tous  
 les  avantages  polfibles,  c ’eft-à-dire,  ceux  des  lunettes  
 achromatiques  à  celui  des  lunettes  elliptiques  ou  hyperboliques  
 ,  &  l’on  mettrait  a  profit  toute  la  quantité  de  
 lumière  que  chaque  planète  réfléchit  à  nos  yeux.  Je  puis  
 me  tromper,  mais  ce  que  je  propofe  me  paraît  aflez  
 fondé  pour  en  recommander  l’exécution  aux  perfonnes  
 zélées  pour  l’avancement  des  Sciences. 
 Me  laiflant  aller  à  ces  efpèces  de  rêveries,  dont quelques 
 unes  néanmoins  fe  réaliferont un  jour,  & que  je  ne  
 publie  que dans  cette  efpérance,  j’ai  fongé  au  miroir  du  
 port  d’Alexandrie,  dont  quelques  Auteurs  anciens  ont  
 parlé,  &  par  le  moyen  duquel  on  voyoit  de  très-loin  les 
 DES  MINÉRAUX,  Partie  Expérimentale.  4.79  
 vaifleaux  en  pleine  mer.  Le paflàge  le  plus  pofitif qui  me  
 foit  tombé  fous  les  yeux  eft celui  que  je  vais  rapporter : 
 Alexandria....... ...... in Pharo-vero  erat fpeculwn e ferro ïimco. 
 Per  rj-uod a  longe  vide ban tur  naves  Græcorum advententes ; fed  
 paulo poflquam  Ifiamifimis  invaluit, fcilicet  tempore Califatûs  
 Walid -fil :  A ld i- 1-melec,  Chrijliani,  fraude  adhibitâ illud  
 ddevenmt.  Abu-l-feda ,  &c.  Defcriptio Ægypti. 
 J ’ai  penfé  1,°  que  ce  miroir  par  lequel  on  voyoit  de  
 loin  les  vaifleaux  arriver,  n’étoit  pas  impoflible;  z.°  que  
 même  fans  miroir ni  lunette,  on  pourroit par de  certaines  
 difpofitions  obtenir  le même  effet,  & voir  depuis  le  port  
 les  vaiffeaux  peut-être  d’aufti  loin  que  la  courbure  de  la  
 Terre le permet. Nous avons  dit que  les  perfonnes  qui ont  
 bonne  vue,  aperçoivent  les  objets  éclairés  par  le  Soleil  à  
 plus  de  trois  mille  quatre  cents  fois  leur  diamètre,  &  en  
 même  temps  nous  avons  remarqué  que  la  lumière  intermédiaire  
 nuifoit  fi  fort à  celle  des  objets  éloignés,  qu’on  
 apercevoit la nuit  un  objet lumineux de dix,  vingt &  peut-  
 être cent fois  plus  de  diftance qu’on ne  1e  voit pendant  le  
 jour.  Nous  lavons  que  du  fond  d’un  puits  très-profond  
 l’on  voit  les  étoiles  en  plein  jour (tn), pourquoi  donc  ne  
 verroit-  on  pas  de  même  les  vaifleaux  éclairés  des  rayons  
 du  Soleil,  en  fe  mettant  au  fond  d’une  longue  galerie  
 fort  obfeure,  &  fituée  lùr  le bord  de  la mer,  de  manière  
 qu’elle  ne  recevrait  aucune  lumière  que  celle  de  la  mer 
 (tri)  Ariftote  eft  je  crois  le  
 premier  qui  ait  fait  mention  de  
 cette  obfervaiioir,  &  j’en ai cité le 
 paffage  à  l’article  du  Sens  de  là.  
 Vue,  tome  I I I   de  cette  Hifloire  
 Naturelle.