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abforbée reparaît & en fort comme la chaleur. Les dianians,
les autres pierres trapfparentes qui s’imbibent de la lumière
du foleil; les pierres opaques, comme celle de Bologne,
qui, par la calcination, reçoivent les particules d’un feu
brillant ; tous les phofphores naturels rendent la lumière
qu’ils ont abforbée, & cette reftitution ou déperdition de
lumière le fait lùcçelfivement & avec le temps, à peu-près
comme fe fait celle de la chaleur. Et peut-être la même
choie arrive dans les corps opaques, en tout ou en partie.
Quoi qu’il en foit, il paraît d’après tout ce qui vient d’être
dit, que l’on doit reconnoître deux fortes de chaleur,
J’une lumineulè, dont le foleil elt le foyer immenlè, &
l ’autre obfcure, dont le grand rélèrvoir eft le globe terreftre.
Notre corps, comme fàifint partie du globe, participe à
cette chaleur obfcure; & e’elt par cette raifon qu’étant
obfoure par elle-même, c ’ell-à-dire, fins lumière, elle
eft encore obfoure pour nous, parce que nous ne nous
en apercevons par aucun de nos lèns. Il en eft de cette
chaleur du globe comme de fon mouvement, nous, y
fommes 'fournis, nous y participons fins le lèntir & fins
nous en douter. D e - là il eft arrivé que les Phyficiens
ont porté d’abord toutes leurs vues, toutes leurs recherches
for la chaleur du foleil, fins foupçonner qu’elle ne
faifoit qu’une très-petite partie de celle que nous éprouvons
réellement ; mais ayant fait des inftrumens pour reconnoître
la différence de chaleur immédiate des rayons du foleil en
été, à celle de ces mêmes rayons en hiver, ils ont trouvé
avec étonnement, que cette chaleur folaire eft en été
foixante-fix
D E S M I N É R A U X , I " Partie. 33 •
foixante-fix fois plus grande qu’en hiver dans notre climat,
& que néanmoins la plus grande chaleur de notre été ne
différait que d’un feptième du plus grand froid de notre
hiver : d’où ils ont conclu, avec grande raifon , qu’indé-
pendamment de la chaleur que nous recevons du foleil,
il en émane une autre du globe même de la terre, bien
plus confidérable, & dont celle du foleil n’eft que le
complément; en forte qu il eft aujourd’hui démontré que
cette chaleur qui s’échappe de l’intérieur de la terre ( k ) ,
eft dans notre climat au moins vingt-neuf fois en été, &
quatre cents fois en hiver plus grande que la chaleur qui
nous vient du foleil : je dis au moins, car quelque exaéli-
tude que les Phyficiens, & en particulier M. de Mairan,
aient apporte dans ces recherches, quelque précifion qu’ils
aient pu mettre dans leurs obfervations &dans leur calcul,
j ai vu en les examinant, que le réfiiitat pouvoit en être
porté plus haut ( l ) .
( k) Voyez i’Hiftoire de l ’Académie
des Sciences, armée 1 702,
page 7 ; & le Mémoire de M.
Amontons, page 1 7 7_Les Mémoires
de M. de Mairan, année
1 7 1 0 , page 104; armée 1 7 2 1 ,
page S ; armée 1767 , page 147.
( l ) Les Phyficiens ont pris
pour le degré du froid ablblu,
mille degrés au-deflpus de la congélation,
il falloit plutôt le fuppofer
de dix mille que de mille : car
Supplément. Tome I.
quoique je lois très-perfuadé qu’il
n’exifte rien d’abfolù dans la Nature
, & que peut-être un froid
de dix mille degrés n’exifte que
dans les efpaces les plus éloignés
de tout foleil ; cependant comme
il s’agit ici de prendre pour unité
le plus grand froid pofiible, je
l ’aurois au moins fuppofé plus
grand que celui dont nous pouvons
produire la moitié ou les trois
cinquièmes ;.<car on a produit
. E