j.° II paroît que ni lafufion ni la coupellation ne peuvent
détruire dans la platine tout le fer dont elle eft intimément
pénétrée ; les boutons fondus ou coupellés, paroiffoient à
la vérité également infènfibles à i’aétion de 1 aimant, mais
les ayant brifës dans un mortier d’agate & fur un tas d’acier,
nous y avons retrouvé des parties magnétiques, d’autant
plus abondantes que la platine étoit réduite en poudre plus
fine : le premier bouton, dont les grains ne s’étoient
qu’aglutinés, rendit étant broyé, beaucoup plus de parties
magnétiques que le fécond & le troifième, dont les
grains avoient fubi une plus forte fiifion, mais néanmoins
tous deux étant broyés, fournirent des parties magnétiques,
en forte qu’on ne peut pas douter qu’il n’y ait encore du
fer dans la platine, après qu’elle a fobi les plus violens
efforts du feu & l’aétion dévorante du plomb dans la
coupelle ; ceci fomble achever de démontrer que ce
minéral eft réellement un mélange intime d’or & de fer,
que jufqu’à préfont l’art n’a pu féparer.
6 ° Je fis encore, avec M. de Morveau, une autre
obforvation for cette platine fondue & enfoite broyée,
c ’eft qu’elle reprend, en fo brifànt, précifoment la même
forme des galets arrondis & aplatis qu’elle avoit avant
d’être fondue; tous les grains de cette platine fondue &
brifée font fomblables à ceux de la platine naturelle, tant
pour la forme que pour la variété de grandeur, & ils ne
paroiffent en différer que parce qu’il n’y a que les plus
petits qui fo laiffent enlever à l’aimant, & en quantité
d’autant moindre, que la platine a fobi plus de feu. Cela
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 339
paroît prouver auffi que quoique le feu ait été affez fort,
non-fouIement pour brûler & vitrifier, mais même pour
chaffer au-dehors une partie du fer avec les autres matières
vitrefoibies qu’elle contient, la fufion néanmoins n eft
pas auffi complète que celle des autres métaux parfaits,
puifqu’en la brifànt les grains reprennent la même figure
qu’ils avoient avant la fonte.