3 4 8 , I n t r o d u c t io n à l’H i s t o i r e
du charbon brûlé & pouffé à un feu violent, on obtiendra
du mâchefer en affez grande quantité ; & fi l’on prétend
que ce mâchefer ne vient que du fer contenu dans le
bois ( parce que tous les végétaux en contiennent plus ou
moins ), je demande pourquoi Ton ne peut pas en tirer
du fer même une plus grande quantité qu’on en tire du
bois, dont la fobftance eft fi différente de celle du fer,
Dès que ce fait me fût connu par l’expérience, il me
fournit l’intelligence d’un autre fait qui m’avoit paru
inexplicable jufques alors. On trouve dans les terres
élevées , & fur - tout dans des forêts où il n’y a ni
rivières ni ruiffeaux , & où par conféquent il n’y a
jamais eu de forges, non plus qu’aucun indice de volcans
ou de feux fouterrains ; on trouve , dis-je, fôuvent des
gros blocs de mâchefer que deux hommes auroient peine
à enlever : j’en ai vus pour la première fois en 1 7 4 5 ’ a
Montigny-l’Encoupe, dans les forêts de M. de Trudaine;
j’en ai fait chercher & trouvé depuis dans nos bois de
Bourgogne, qui font encore plus éloignés de l’eau que
ceux de Montigny; on en a trouvé en plufieurs endroits:
les petits morceaux m’ont paru provenir de quelques
fourneaux de charbon qu’on aura laiffé brûler, mais les
gros ne peuvent venir que d’un incendie dans la forêt
lorfqu’elle étoit en pleine venue , & que les arbres y
étoient affez grands & affez voifins pour produire un feu
très-violent & très-long-temps nourri.
Le mâchefer, qu’on peut regarder comme un réfidu
de la combuftion du bois, contient du fer ; & l’on verra
des Minéraux, Partie Expé rimen ta le. 3 4 9
dans un autre Mémoire les expériences que j’ai faites,
pour reconnoître par ce réfidu la quantité de fer qui entre
dans la compofition des végétaux. Et cette terre morte ou
cette chaux dans laquelle le fer fe réduit par la trop longue
aétion du feu, ne m’a pas paru contenir plus de fer que
je mâchefer du bois, ce qui fèmble prouver que le fer
eft comme le bois une matière combuftible, que le feu
peut également dévorer en l’appliquant feulement plus
violemment & plus long-temps. Pline dit, avec grande
raifon ,jferrum accenfum igni, niji duretur idibus, corrumpitur(h).
On en fera perfuadé fx l’on obferve dans une forge la
première loupe que l’on tire de la gueufe, cette loupe eft
un morceau de fer fondu pour la fécondé fois, & qui n’a
pas encore été forgé, c’eft-à-dire, confolidé par le marteau
lorfqu’on le tire de la chaufferie où il vient de fubir le
feu le plus violent | il eft rougi à blanc, il jette non-feu-
lement des étincelles ardentes, mais il brûle réellement
d’une flamme très-vive qui confommeroit une partie de
là fobftance fi on tardoit trop de temps à porter cette
loupe fous le marteau; ce fer lèroit, pour ainfi dire,,
détruit avant que d’être formé, il lùbiroit l ’effet complet
de la combuftion fi le coup du marteau, en rapprochant
fes parties trop divifées par le feu, ne commençoit à lui
faire prendre le premier degré de fa ténacité. On le tire
dans cet état & encore tout rouge de deffous te marteau,.
& on le reporte au foyer de l’affiinerie où il fe pénètre
(h) Hilt. rwt. lib. x x x i v , cap. xv