l’art. La Nature forme des fois & du foufre, elle emploie
à leur compofition, comme à celle de toutes les autres
fùbftances, les quatre élémens, beaucoup de terre &
d’eau, un peu d’air & de feu entrent en quantité variable
dans chaque différente fubftance fil in e ; moins de terre
& d’eau & beaucoup plus d’air & de feu, femblent entrer
clans la compofition du foufre. Les fèls & les fbufres
doivent donc être regardes comme des êtres de la Nature
dont on extrait, par le fècours de l’art de la chimie, &
par le moyen du feu, les différens acides qu’ils contiennent;
& puifque nous avons employé le feu, & par conféquent
de l’air & des matières combuftibles pour extraire ces
acides, pouvons - nous douter qu’ils n’aient retenu, &
qu’ils ne contiennent réellement des parties de matière
combuflible qui y feront entrées pendant l’extraélion î
L e phlogiffique eft encore bien moins que l’acide, un
être naturel, ce ne fèroit même qu’un être de raifon fi on
ne le regardoit pas comme un compofé d’air & de feu
devenu fixe & inhérent aux autres corps. Le foufre peut
en effet contenir beaucoup de ce phlogiffique, beaucoup
auffi d’acide vitriolique ; mais il a, comme toute autre
matière, & fi terre & fon eau ; d’ailleurs fon origine indique
qu’il faut une grande confommation de matières
combuftibles pour f i ’ produétion ; il fe trouve dans les
volcans, & il fèmble que la Nature ne le produife que par
effort & par le moyen du plus grand feu ; tout concourt
donc à nous prouver qu’il efl de la même nature que les
autres matières combuftibles, & que par conféquent il tire*
comme
comme elles, fi première origine du détriment des êtres
organifés.
Mais je vais plus loin : les acides eux-mêmes viennent
en grande partie de la décompofition des fùbftances animales
ou végétales, & contiennent en eonfequence des
principes de la combuftion. Prenons pour exemple le
filpêtre,, ne doit-il pas fon origine à ces matières! n’eft-il
pas formé par la putréfàétion des végétaux, ainfi que des
urines & des excrémens des animaux! il me femble que
l’expérience le démontre, puifqu’on ne cherche, on ne
trouve le filpêtre que dans les habitations où l’homme &
les animaux ont long-temps réfidé; & puifqu’il efl immédiatement
formé du détriment des fùbftances animales &
végétales, ne doit-il pas contenir une prodigieufê quantité
d’air & de feu fixes i auffi en contient-il beaucoup, & même
beaucoup plus que le foufre , le charbon, l’huile, &c.
Toutes .ces matières combuftibles ont befoin, comme
nous l’avons dit, du feeours de l’air pour brûler, & fe
confument d’autant plus vite , qu’elles en reçoivent en
plus grande quantité; le filpêtre n’en a pas befoin dès
qu’il eft mêlé avec quelques-unes de ces matières combuftibles,
il fèmble porter en lui-même le réfèrvoir de
tout l’air néceffaire à fi combuftion : en le fiifint détonner
lentement, on le voit fouffler fon propre feu, comme le
feroit un fbufHet étranger ; en le renfermant le plus étroitement,
fon feu, loin de s’éteindre, n’en prend que plus de
force & produit les explofions terribles, fur lefquelles font
fondés nos arts meurtriers. Cette combuftion fi prompte
Supplément. Tome I. . G