Q U A T R I E M E M É M O I R E .
E X P É R I E N C E S
Sur la ténacité é f fu r la décompofition du Fer,
O n a vu dans le premier Mémoire, que le fer perd
de fà pefanteur à chaque fois qu’on le chauffe à un feu
violent, & que des boulets chauffés trois fois jufqu’au
blanc, ont perdu la douzième partie de leur poids ; on
feroit d’abord porté à croire, que cette perte ne doit être
attribuée qu’à la diminution du volume du boulet, par
les fcories qui fe détachent de la furface & tombent en
petites écailles; mais fi l’on fait attention que les petits
boulets, dont par conféquent la fùrfàce eft plus grande,
relativement au volume, que cefle des gros, perdent moins,
& que les gros boulets perdent proportionnellement plus
que les petits ; on fentira bien que la perte totale de poids,
ne doit pas être fimplement attribuée à la chute des
écailles qui fe détachent de la furface , mais encore à
une altération intérieure de toutes les parties de la maffe
que le feu violent diminue, & rend d’autant plus légère
qu’il eft appliqué plus fouvent & plus long-temps ( a ) .
(a) Une expérience familière &
qui fembie prouver que le fer perd
de fà maffe à mefure qu’on fe
chauffe, même à un feu très-médiocre
, c’eft que fes fers à frifer
lorfqu’on les a fouvent trempés
Et en effet, fi l’on recueille à chaque fois les écailles
qui fe détachent de la furface des boulets, on trouvera
que fur un boulet de 5 pouces qui, par exemple, aura
perdu huit onces par une première chaude | il n’y aura pas
une once de ces écailles détachées, & que tout le refte de
la perte de poids ne peut être attribué qu’à cette altération
intérieure de la fubftance du fer qui perd de fa denfité à
chaque fois qu’on le chauffe ; en forte que fi l’on réitérait
fouvent cette même opération, on réduiroit le fer à n’être
plus qu’une matière friable & légère, dont on ne pourroit
faire aucun ufage ; car j’ai remarqué que les boulets non-
feulement àvoient perdu de leur poids, c ’eft-à-dire, de
leur denfité, mais qu’en même temps ils avoient auffi
beaucoup perdu de leur folidité; c ’eft-à-dire, de cette
qualité dont dépend la cohérence des parties ; car j’ai vu,
en les faifant frapper, qu’on pouvoit les cafter d’autant
plus aifément qu’ils avoient été chauffés plus fouvent &
plus long-temps.
C ’eft fans doute parce que l’on ignorait jufqu’à quel
point va cette altération du fer, ou plutôt parce qu’on ne
s’en doutoit point du tout, que l ’on imagina, il y a quelques
années, dans notre Artillerie, de chauffer les boulets
dont il étoit queftion de diminuer le volume ( h ) . On nt’a
dans l’eau pour les refroidir, ne
confervent pas le même degré de
chaleur au bout d’un temps. Il
s'en élève auffi des écailles lorfqu’on
les a fouvent chauffes &
trempés ; ces écailles font du \ é -
ritable fer.
(h) M. le marquis de Vallière
ne s’occupoit point alors des
travaux de l’Artillerie.