reprendre fon élaflicité , à mefere que les vapeurs des
matières combuftibles qui l’avoient affoibiie, s’évaporeront
& s’en répareront. Mais fi le reffort a été totalement
affoibli & fi prodigieufement étendu qu’il ne puiffe plus
fe refferrer ni fe reftit'uer, ayant perdu toute fil puiffance
élaftique, l’air de volatil qu’il étoit auparavant devient une
fiibftance fixe qui s’incorpore avec les autres fiibftances
& fait dès-lors partie conftituante de toutes celles auxquelles
il s’unit par le contaél ou dans lefquelles il
pénètre à l’aide de la chaleur. Sous cette nouvelle forme
il ne peut plus abandonner le feu, que pouf s’unir comme
matière fixe à d’autres matières fixes ; & s’il en refie
quelques parties inféparables du feu , elles font dès-lors
portion de cet élément, elles lui fervent de bafe & fe
dépofent avec lui dans les fiibfiances qu’ils échauffent
& pénètrent enfemble. Cet effet qui fe manifefte dans
toutes les calcinations eft d’autant plus fur & d’autant
plus fenfible que la chaleur eft appliquée plus longtemps
; la combuftion ne demande que peu de temps
pour fe faire même compleftement, au lieu que toute
calcination fiippofe beaucoup de temps ; il faut pour
l ’accélérer amener à la ferface, c ’eft-à-dire , préfenter
fucceffivement à l’air les matières que l’on veut calciner,
il faut les fondre ou les divifer en parties impalpables
pour qu’elles offrent à cet air plus de foperficie; il faut
même fe fervir de foufffets, moins pour augmenter l ’ardeur
du feu, que pour établir un courant d’air fer la fiirface des
matières fi l’on veut preffer leur calcination ; & pour la
compléter ayec tous ces moyens il faut fouvent beaucoup
de
d e s M i n é r a u x , I I . P a r t ie . 8
de temps (a ) ; d’où l’on doit conclure qu’il faut auftx
une affez longue réfidence de l’air devenu fixe dans les
febftances terreftres pour qu’il s’établifife à demeure fous
cette nouvelle forme.
Mais il n’eft pas néceffaire que le feu foit violent pour
faire perdre à l’air fon élaflicité; le plus petit feu & même
une chaleur très-médiocre dès qu’elle eft immédiatement
& conftamment appliquée fer une petite quantité d’air,
fiiffifent pour en détruire le reffort; & pour que cet air
fans reffort fe fixe enfeîte dans les corps, il ne faut qu’un
peu plus ou un peu moins de temps, félon le plus ou
moins d’affinité qu’il peut avoir fous cette nouvelle forme
avec les matières auxquelles il s’unit. La chaleur du
corps des animaux & même des végétaux eft encore
affez puiflantë pour produire cet effet : les degrés de
chaleur font diffèrens dans les differens genres d’animaux,
& à commencer par les oifeaux qui font les plus chauds
de tous , on parte fucceffivement aux quadrupèdes , à
f ’homme , aux cétacées qui le font moins; aux reptiles,
aux poiffons, aux infeétes qui le font beaucoup moins; &
enfin aux végétaux dont la chaleur eft fi petite qu’elle a
( a ) Je ne fai fi l’on ne calcine-
roit pas i’o r , non pas en ie tenant
comme Boyleou Kunkel, pendant
Un très-long temps dans un fourneau
de verrerie, où la vîtefïè de
l ’air n’eft pas grande, mais en le
mettant près de la tuyère d’un bon
fourneau à vent, & le tenant en
fùfion dans un vaifieau ouvert,
Supplément. Tome I.
où l’on plongerait une petite fpa-
tuie, qu’on ajufteroit de manière
qu’elle tournerait inceflamment &
-remuerait continuellement l’or en
fùfion ; car il n’y a pas de compa-
raifon entre la force de ces feux,
parce que l’air eft ici bien plus
accéléré que dans les fourneaux
de verrerie.
1 L