354- I n t r o d u c t i o n à l ’H i s t o i r e
trempé, conferve fon nerf & fon grain ordinaire. Cette
trempe en été fait beaucoup moins de mal, mais en fait
toujours un peu : & fi 1 on veut avoir du fer toujours
de la même bonne qualité, il faut abfolument profcrire
cet ufage, ne jamais tremper le fer chaud dans 1 eau, &
attendre, pour le manier, qu’il fe refroidiffe à l’air.
Il faut que la fonte foit bien bonne pour produire du
fer auffi nerveux, auffi tenace que celui qu’on peut tirer
des vieilles ferrailles refondues, non pas en les jetant au
fourneau de fufion, mais en les mettant au feu de 1 affi-
nerie ; tous les ans on achette pour mes forges une affez
grande quantité de ces vieilles ferrailles, dont, avec un
peu de foin, l’on lait d’excellent fer. Mais 'il y a du choix
dans ces ferrailles ; celles qui proviennent des rognures
de la tôle ou des morceaux cafles du fil de fer, qu on
appelle des riblous, font les meilleures de toutes, parce
quelles font d’un fer plus pur que les autres; on les achette
auffi quelque choie de plus, mais en general ces vieux
fers, quoique de qualité médiocre, en produiiènt de très-
bon lorfqu’on fait les traiter. Il ne faut jamais les mêler
avec la fonte, fi même il s’e'n trouve quelques morceaux
parmi les ferrailles, il faut les féparer ; il faut auffi mettre
une certaine quantité de craffes dans le foyer, & le feu
doit être moins pouffé, moins violent que pour le travail
du fer en gueufe, fans quoi l’on brûleroit une grande
partie de ià ferraille qui, quand elle eft bien traitée & de
bonne qualité, ne donne qu’un cinquième de déchet, &
conibmme moins de charbon que le fer de la gueule. Les
de s M in é r a u x , Partie Expé rimentale. 3 5 5
craffes qui fortent de ces vieux fers, font en bien moindre
quantité, & ne conièrvent pas à beaucoup près autant de
particules de fer que les autres. Avec des riblous qu’on
renvoie des fileries que fourniffent mes forges, - & des
rognures de tôle cifaillées que je fais fabriquer, j ’ai
fouvent fait du fer qui étoit tout nerf, & dont le déchet
n’étoit prefque que d’un fixième ; tandis que le déchet du
1er en gueuiè eft communément du double, c ’eft-à-dire,
d’un tiers, & fouvent de plus du tiers fi l’on veut obtenir
du fer d’excellente qualité.
M. de Montbeillard, Lieutenant-colonel au régiment
royal d’Artillerie , ayant été chargé pendant plufieurs
années de l’inlpection des manufactures d’armes à Char-
leville, Maubeuge & Saint-Étienne, a bien voulu me
communiquer un Mémoire qu’il a préfenté au Miniftre,
& dans lequel il traite de cette fabrication du fer avec de
vieilles ferrailles, « il dit, avec grande raifon, que les
ferrailles qui ont beaucoup de furface, & celles qui pro- «
viennent des vieux fers & clous de chevaux ou fragmens «
de petits cylindres ou quarrés tords, ou des anneaux & «
boucles, toutes pièces qui ihppofent que le fer qu’on a «
employé pour les fabriquer étoit ibuple, liant & iùicejj- «
tible d’être plié, étendu ou tordu, doivent être préférées «
& recherchées pour la fabrication des canons de fufil ».
On trouve dans ce même Mémoire de M. de Montbeillard
d’excellentes réflexions fur les moyens de perfectionner
les armes à feu , & d’en affurer la réfiftance par le choix du
bon fer & par la manière de le traiter ; l’Auteur rapporte
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