caffer à froid & à grands coups de mafle, s’échauffe d’autant
plus qu’il eft plus fortement & plus fouvent frappé ;
non-feulement il s’échauffe au point de brûler très-vivement
, mais il s’aimante comme s’il eut été frotté fur un
très-bon aimant. M’étant affuré de la confiance de cet
effet par plufieurs obfervations fucceffives, je voulus voir
fi fans percuffion je pourrais de même produire dans le
fer la vertu magnétique; je fis prendre pour cela une verge
de trois lignes de groffeur de mon fer le plus liant, & que
je connoiffois pour être très-difficile à rompre, & l’ayant
fait plier & replier, par les mains d’un homme fort, fèpt
ou huit fois de fuite fans pouvoir la rompre, je trouvai
le fer très-chaud au point où on l’avoit plié, & il avoit
en même temps toute la vertu d’un barreau bien aimanté;
j’aurai occafion dans la fuite de revenir à ce phénomène
qui tient de très-près à la théorie du magnétifme & de
l ’éleétricité, & que je ne rapporte ici que pour démontrer
que plus une matière eft tenace, c ’efl-à-dire, plus il faut
d’efforts pour la divifèr, plus elle eft près de produire de
la chaleur & tous les autres effets qui peuvent en dépendre,
& prouver en même temps que la fimple preffion pro-
duifànt le frottement des parties intérieures, équivaut à
l ’effet de la plus violente percuffion.
On fbude tous les jours le fer avec lui-même ou fur
lui -même, mais il faut la plus grande précaution pour
qu’il ne fè trouve pas un peu plus foible aux endroits des
foudures ; car pour réunir & fouder les deux bouts d’une
barre , on les chauffe jufqu’au blanc le plus vif, le fer
DES MINÉRAUX, P artie E xpé rimentale. 3 6 5
dans cet état eft tout prêt à fondre, il n’y arrive pas fans
perdre toute G1 ténacité, & par conféquent tout fon nerf;
il ne peut donc en reprendre dans toute cette partie qu’on
foude, que par la percuffion des marteaux dont deux ou
trois ouvriers font fùccéder les coups le plus vite qu’il leur
eft poffible, mais cette percuffion eft très-foible & même
lente en comparaifbn de celle du marteau de la forge ou
même de celle du Vnartinet;ainfi l’endroit fbudé, quelque
bonne que foit l’étoffe, n’aura que peu de nerf & fouvent
point du tout fi l’on n’a pas bien fàifi l’inftant où les deux
morceaux font également chauds, & fi le mouvement du
marteau n’a pas été affez prompt & affez fort pour les bien
réunir. Auffi quand on a des pièces importantes à fouder,
on fera bien de le faire fous les martinets les plus prompts.
La foudure dans les canons des armes à feu, eft une des
chofes les plus importantes; M. deMontbeillard, dans le
Mémoire que j’ai cité ci-deffus, donne de très-bonnes
vues for cet objet, & même des expériences décifives: je
crois avec lui, que comme il faut chauffer à blanc nombre
de fois la bande ou maquette pour fouder le canon dans
toute fà longueur, il ne faut pas employer du fer qui forait
au dernier degré de fà perfeélion, parce qu’il ne pourrait
que fo détériorer par ces fréquentes chaudes vives ; qu’il
faut au contraire choifir le fer qui, n’étant pas encore auffi
épuré qu’il peut l’être, gagnera plutôt de la qualité qu’il
n’en perdra par ces nouvelles chaudes, mais cet article
foui demanderait un grand travail fait & dirigé par un
homme auffi éclairé que M. de Montbeillard, & l’objet