J ’avoue qu’il faut fuppofer dans chaque molécule de
matière, dans chaque atome quelconque, un reffort parfait,
pour concevoir clairement comment s’opère ce
changement de l’attraélion en répulfion ; mais cela même
nous eft affez indiqué par les faits : plus la matière s’atténue
& plus elle prend du reffort ; la terre & l’eau qui
en font les agrégats les plus greffiers, ont moins de reffort
que l’air ; & le feu qui eft le plus fubtil des élémens, eft
auffi celui qui a le plus de force expanfive : les plus
petites molécules de la matière, les plus petits atomes
que nous connoiffions font ceux de la lumière, & l’on
fait qu’ils font parfaitement élaftiques , puifque l’angle
fous lequel la lumière fè réfléchit eft toujours égal à
celui fous lequel elle arrive : nous pouvons donc en inférer
que toutes les parties conftitutives de la matière en
général font à reffort parfait, & que ce reffort produit
tous les effets de la force expanfive, toutes les fois que
les corps fe heurtent ou fe frottent en fe rencontrant dans
des direétions oppofëes.
L ’expérience me paraît parfaitement d’accord avec ces
idées ; nous ne connoiffons d’autres moyens de produire
ftu feu que par le choc ou le frottement des corps ; car le
feu que nous produifons par la réunion des rayons de la
lumière, ou par l’application du feu déjà produit à des
matières comhuftihles, n’a-t-i l pas néanmoins la même
.origine à laquelle il faudra toujours remonter i puifou’en
fuppofantf’homme fans miroirs ardens & fans feu aéluel,
jl n’aura- d ’autres moyens de produire le feu qu’en frottant
d e s M i n é r a u x , I ." Partie. 9
ou choquant des corps folides les uns contre les autres (c).
La force expanfive pourrait donc bien n’être dans le
réel que la réaétion de la force attraélive, réaétion qui
s’opère toutes les fois que les molécules primitives de la
matière, toujours attirées les unes par les autres, arrivent
à fe toucher immédiatement; car dès-lors il eft néceffaire
qu’elles foient repouffées avec autant de vîteffe qu’elles
en avoient acquis en direction contraire au moment du
contaél ( d ), & lorfque ces molécules font abfolument * &
( c ) Le feu que produit quelquefois
la fermentation des herbes
émanées, celui qui le manifefte
dans les effervefcences , ne font
pas une exception qu’on puifli
m’oppofer, puifque cette production
du feu par la fermentation
& par Teffervefcence, dépend,
comme toute autre, de I’aétion ou
du choc des parties de la matière,
îes unes contre les autres.
(d) Ii eft certain, me dira-t-on,
que les molécules réjailliront après
le contaét, parce que leur vîtefîè
à ce point, & qui leur eft rendue
par le reffort, eft la femme des
vîteffes acquiiès dans tous les mo-
mens précédens , par l’effet continuel
de l’attraèlion, & par confé-
quent doit l’emporter fur l’effort
inftantané de i’attraélion dans le
fêul moment du contaélt Mais
Supplément. Tome I.
ne fera-t-elle pas continuellement
retardée, & enfin détruite, lorfqu’il
y aura équilibre entre la femme
des efforts de l’attraélion avant le
contaél, &Ia femme des efforts de
l’attraélion après le contait ! comme
cette queltion 'pourrait faire naître
des doutes ou laifîêr quelques nuages
fur cet objet, qui parlui-même
eft difficile à fàifir, je vais tâcher d’y
làtisfaire , en m’expliquant encore
plus clairement. Je fuppofe deux
molécules , ou pour rendre l’image
plus fenfible, deux groffes maftès
de matière, telles que la Lune & la
T erre, tontesdeux douées d’un reffort
parfait dans toutesles parties de
leur intérieur, qu’arriveroit-il à ces
deux maftès ifole'es de toute autre
matière , fi tout leur mouvement
progreflif étoit tout-à-coup arrêté,
& qu’il ne reftât à chacune d’elles
. B