d’une manière très-fiable beaucoup de parties qui s’y fixent
& remplacent en quantité, même plus grande, les parties
aqueufès & autres qu elle en a chaffées. Mais ce quiparoît
contraire ou du moins très-difficile à concilier ic i, c ’efl que
cette même pierre calcaire qui devient fpécffiquement plus
pefànte par l’action d’une chaleur modérée, long-temps
continuée, devient tout-à-coup plus légère de près d’une
moitié de fon poids dès qu’on la foumet au grand feu
néceffaire à fa calcination, & qu’elle perd en même temps,
non-feulement toute la dureté qu’elle avoit acquifè par
1 aétion de la fimpie chaleur, mais même fa dureté naturelle,
c ’eft-à-dire, la cohérence defes parties conflituantes;
effet finguiier dont je renvoie l’explication à l’article fuivant
où je traiterai de l ’air, de l’eau & de la terre; parce qu’il
me paraît tenir encore plus à la nature de ces trois élémens
qu’a celle de l’élément du feu.
Mais c ’efl ici le lieu de parler de la calcination prifè
généralement, elle efl pour les corps fixes & incombuf-
tibles ce qu efl la combuflion pour les matières volatiles
& inflammables ; la calcination a befoin, comme la corn-
buflion, du fecours de l’air ; elle s’opère d’autant plus
vite qu’on lui fournit une plus grande quantité d’air, fans
cela le feu le plus violent ne peut rien calciner, rien
enflammer que les matières qui contiennent en elles-
mêmes & qui fourniffent à mefure qu’elles brûlent ou fe
calcinent, tout l ’air néceffaire à la combuflion ou à la
calcination des fùbflances avec lefquelles on lès mêle.
Cette néceffîté du concours de l’air dans la calcination
d e s M i n é r a u x , 11e Partie. 7 1
comme dans la combuflion, indique qu’il y a plus de
chofes communes entr’elles qu’on ne l ’a foupçonné.
L ’application du feu efl le principe de toutes deux, celle
de l’air en efl la caufe fécondé & prefque auffi néceffaire
que la première ; mais ces deux caufes fe combinent
inégalement, felon qu’elles agiffent en plus ou moins de
temps, avec plus ou moins de force fur des fùbflances
différentes ; il faut pour en raifonner jufle, fe rappeler les
effets de la calcination & les comparer entr’eux & avec
ceux de la combuflion.
La combuflion s’opère promptement & quelquefois fe
fait en un inflant, la calcination efl toujours plus lente,
& quelquefois fi longue qu’on la croit impoffible ; à mefure
que les matières font plus inflammables & qu’on leur
fournit plus d’air, la combuflion s’en fait avec plus de
rapidité; &par la raifon inverfe, à mefure que les matières
font plus incombuflibles la calcination s’en fait avec plus
de lenteur. Et lorfque les parties conflituantes d’une fùbfi
tance telle que l’or, font non-feulement incombuflibles,
mais paroiffent fi fixes qu’on ne peut les volatilifèr, la
calcination ne produit aucun effet, quelque violente quelle
puiffe être. On doit donc confidérer la calcination & la
combuflion comme des effets du même ordre, dont les
deux extrêmes nous font défignés par le phofphore qui
efl le plus inflammable de tous les corps, & par l ’or qui
de tous efl le plus fixe & le moins combuflibfe ; toutes
les fùbflances comprifes entre ces deux extrêmes, feront
plus ou moins fujettes aux effets de la combuflion ou de