furface qu’elles occupent, que trois, quatre, cinq, &c.
miroirs donneront de même une chaleur triple, quadruple,
quintuple, &c. & que par conféquent on peut par ce
moyen faire un thermomètre dont les divifions ne feront
point arbitraires, & les échelles différentes, comme le font
celles de tous les thermomètres dont on s’efl fervi jufqu’à
ce jour. La feule chofe arbitraire qui entreroit dans la
conflruélion de ce thermomètre, feroit Ja fùppofition du
nombre total des parties du mercure en partant du degré
du froid abfolu ; mais en le prenant à 10000 au-deffous
de la congélation de l’eau, au lieu de 1000, comme dans
nos thermomètres ordinaires, on approcherait beaucoup
delà réalité, fur-tout en choififfant les jours de l’hiver les
plus froids pour graduer le thermomètre ; chaque image du
Soleil lui donnerait un degré de chaleur au-deffus de la
température que nous fuppoferons à celui de la glace. Le
point auquel s’élèverait le mercure par la chaleur de la
première image du Soleil, ferait marqué 1. Le point où il
s’éléveroit par la chaleur de deux images égales & réunies,
fera marqué 2. Celui où trois images le feront monter, fera
marqué 3 , & ainfi de fuite jufqu’à la plus grande hauteur
qu’on pourrait étendre jufqu’au degré 36. On aurait à ce
degré une augmentation de chaleur trente -fix fois plus
grande que celle du premier degré; dix-huit fois plus
grande que celle du fécond; douze fois plus grande que
celle du troifième; neuf fois plus grande que celle du
quatrième, &c. cette augmentation 36 de chaleur au-deffus
de celle de la glace feroit affez grande pour fondre le
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 459
plomb, & il y a toute apparence que le mercure qui fe
volatilife à une bien moindre chaleur, feroit par fa vapeur
caffer le thermomètre. On ne pourra donc étendre la division
que jufqu’à 1 2 , & peut-être même à 9 degrés fi l’on
fefèrt du mercure pour ces thermomètres ; & l’on n’aura par
ce moyen que les degrés d’une augmentation de chaleur
jufqu’à 9. C ’eft une des raifons qui avoit déterminé Newton
à fè fèrvir d’huile de lin au lieu de mercure, & en effet on
pourra, en fè fervant de cette liqueur, étendre, la divifion
non-fèulement à 12 degrés, mais jufqu’au point de cette
huile bouillante. Je ne propofe’pas de remplir ces thermomètres
avec de l’efprit-de-vin coloré, il efl univerfèllement
reconnu que cette liqueur fè déc.ompofè au bout d’un affez
petit temps ( g ) , & que d’ailleurs elle ne peut fervir aux
expériences d’une chaleur un peu forte.
Lorfqu’on aura marqué fur l’échelle de ces thermomètres
remplis d’huile ou de mercure, les premières divifions
1 , 2 , 3,4 » &c. qui indiqueront le double, le triple, le
quadruple, &c. des augmentations de la chaleur, il faudra
chercher les parties aliquotes de chaque divifion , par
exemple, les points de | 1 1 , 2 \ , 3 £, &c. ou de 1 j , 2
3 ~, &c. & de ifcfi 2 | , 3 &c. ce que l ’on obtiendra
par un moyen facile, qui fèra de couvrir la moitié, ou le
quart, ou les trois quarts de la fuperficie d’un des petits
(g) PIufi.eurs Voyageurs m’ont
écrit que les Thermomètres à
i’efprit-de-vin de Reaumur, leur
Étoieijt devenus tout-à-fait inutiles,
parce que cette iiqueur fe décolore
& iè charge d’une eipèce de bouc
en affez peu de temps.
M m m ij