
 
		5 1 8   I n t r o d u c t i o n   à   l ’H i s t o i r e   
 différentes,  &  que  la  même  couleur  a  conftamment  le  
 même  degré  de  réfrangibilité.  Tous  les  corps diaphanes  
 dont  les  forfaces  ne  font  pas  parallèles,  produifent  des  
 couleurs  par  la  réfraélion ;  l’ordre  de  ces  couleurs  eft  
 invariable, & leur nombre quoiqu’infini a  été  réduit  à  fept  
 dénominations principales, violet, indigo,  lieu,  vert, jaune,  
 orangé, rouge ; chacune  de  ces  dénominations  répond  à  un  
 intervalle  déterminé  dans  l’image  colorée  qui  contient  
 toutes  les nuances de  la  couleur  dénommée ; de  forte  que  
 dans  l’intervalle  rouge  on  trouve  toutes  les  nuances  de  
 rouge, dans l’intervalle jaune toutes les nuances de jaune,&c.  
 &   dans  les  confins  de  ces  intervalles  les  couleurs  intermédiaires  
 qui  ne  font  ni  jaunes ni  rouges,  &c.  C ’eft  par  
 de  bonnes  raifons  que  Newton  a  fixé  à  fept  le  nombre  
 des  dénominations  des  couleurs  ;  l’image  colorée  du  
 Soleil  qu’il  appelle  le fpefire  folâtre,  n’offre  à  la première  
 vue  que  cinq  couleurs  ,  vio le t,  bleu  ,  vert,  jaune  &  
 rouge ,  ce  n’eft  encore  qu’une  déeompofition  imparfaite  
 de  la lumière,  & une repréfentation  confiife  des  couleurs’.  
 Comme cette image eft compofée d’une infinité de cercles  
 différemment  colorés  qui  répondent  à  autant  de  difques  
 du  Soleil;  &  que  ces  cercles  anticipent  beaucoup  les  uns  
 fur  les-autres’,  le milieu  de  tous  ces  cercles  eft  l’endroit  
 où  le  mélange  des  couleurs  eft  le  plus  grand,  &  if  n’y  a  
 que  les  côtés  reétilignes  de l’image où les  couleurs  foient  
 pures ; mais comme elles  font en même temps très-foibles,  
 on  a peine  à  les  diftinguer,  & on fe  fert d’un  autre moyen  
 pour  épurer  les  couleurs ;  c ’eft  en  rétréciffant  l’image  du 
 DES  MINÉRAUX,   Partie  Expérimentale.  519  
 difque du Soleil,  ce  qui  diminue l’anticipation  des  cercles  
 colorés  les  uns for les autres, & par conlëquent le mélange  
 des  couleurs ;  dans  ce  ipeétre  de  lumière  épurée  &  homogène, 
   on  voit  très-bien  les  fopt  couleurs;  on  en  voit  
 même  beaucoup  plus  de  fopt  avec  un  peu  d’art,  car  en  
 recevant  focceffivement  fur  un  fil  blanc  les  différentes  
 parties  de  ce  ipeétre  de  lumière  épurée,  j ’ai  compté  
 fouvent  jufqu’à  dix-huit  ou  vingt  couleurs  dont  la  différence  
 étoit  fenfible à mes yeux. Avec  de meilleurs  organes  
 ou  plus  d’attention  ,  on  pourrait  encore  en  compter  
 davantage ;  cela  n’empêche  pas  qu’on  ne  doive  fixer  le  
 nombre  de  leur  dénomination  à  fept,  ni  plus  ni  moins;  
 &  cela par  une  raïïon  bien  fondée,  c ’eft  qu’en  diviiànt  le  
 Ipeétre  de  lumière  épurée  en  fept  intervalles,  &  foivant  
 la  proportion  donnée  par Newton,  chacun  de  ces  intervalles  
 contient  des  couleurs  qui,  quoique  prifos  toutes  
 enfemble,  font  indécompofàbles  par  lé  prifine  &  par  
 quelqu’art  que  ce  foit,  ce  qui  leur  a  fait  donner  le  nom  
 de  couleurs primitives :  Si  au  lieu  de  divifor  le  Ipeétre  en  
 fopt,  on  ne  le  divife  qu’en  fix,  ou  cinq,  ou  quatre,  ou  
 trois  intervalles,  alors les couleurs  contenues  dans  chacun  
 de  ces  intervalles  fe  décompofent  par  le  prifine,  &  par  
 conféquent  ces couleurs  ne  font  pas pures,  &  ne  doivent  
 pas  être  regardées  comme  couleurs  primitives.  On  ne  
 peut  donc  pas  réduire  les  couleurs  primitives  à moins  de  
 fopt dénominations,  & on  ne doit pas en admettre un plus  
 grand  nombre,  parce qu’alors on  diviferoit inutilement  les  
 intervalles  en  deux  ou  plufieurs  parties, dont  les  couleurs