482 INTRODUCTION À*L’H l S T O I R E
réflexion des rayons, les grands effets qu’il ne pouvoit
obtenir par leur réfraction. Il a donc fait conftruire fon
télefcope, dont l ’effet eft réellement bien fupérieur à celui
des lunettes ordinaires, mais les lunettes achromatiques
inventées de nos jours font auffi fitperieures au telefcope
qu’il l’eft aux lunettes ordinaires. L e meilleur télefcope
eft toujours fombre en comparaifon de la lunette achromatique
, & cette obfcurité dans les télefcopes ne vient pas
feulement du défaut de poli ou de la couleur du métal des
miroirs, mais de la nature même de la lumière, dont les
rayons différemment réfrangibles, font auffi différemment
réflexibles, quoiqu’en degrés beaucoup moins inégaux. Il
relie donc pour perfectionner les télefcopes, autant qu’ils
peuvent l’être, à trouver le moyen de compenfer cette
différente réflexibilité, comme l’on a trouve celui de
compenfer la différente réfrangibilité.
Après tout ce qui vient d’être dit, je crois qu’on
fentira bien que l’on peut Lire une très-bonne lunette de
jour, fans employer ni verres ni miroirs, & Amplement
en fupprimant la lumière environnante , au moyen d’un
tuyau de 1 yo ou 200 pieds de long, & en fe plaçant dans
un lieu obfcur où aboutiroit l’une des extrémités de ce
tuyau; plus la lumière du jour féroit vive, plus fèroit
grand l’effet de cette lunette fi fimple & fi facile à exécuter.
Je fuis perfuadé qu’on verroit diftinélement à quinze &
peut-être vingt lieues les bâtimens & les arbres fur le haut
des montagnes. La feule différence qu’il y ait entre ce
long tuyau & la galerie obfcure que j’ai propofée, c ’eft
DES MINÉRAUX, Partie Expérimentale. 485
que le champ, e ’eft-à-dire, l’efpace vu feroit bien plus
petit, & précifément dans la raifon du quarré de l’ouverture
du tuyau à celle de la galerie.
A r ï i c l e t r o i s i è m e .
Invention d ’autres M iro ir s pour brûler
à de moindres distances.
I.
M IR O IR S d ’une feule pièce- à foyer mobile.
«J'a i remarqué que le verre fait reffort, & qu’il peut
plier jufqu’à un certain point; & comme pour brûler à
des diftances un peu grandes, il ne faut qu’une légère
courbure , & que toute courbure régulière y eft à peu-
près également convenable; j’ai imaginé de prendre des
glaces de miroir ordinaire d’un pied & demi, de deux
pieds & trois pieds de diamètre, de les faire arrondir, &
de les foutenir fur un cercle de fer bien égal & bien
tourné, après avoir Lit dans le centre de la glace un trou
de deux ou trois lignes de diamètre pour y paffer une
vis (p), dont les pas font très-fins, & qui entre dans un
petit écrou pofé de l’autre côté de la glace. En ferrant
cette vis, j’ai courbé affez les glaces de trois pieds, pour
brûler depuis 50 pieds jufqu’à 30, & les glaces de 18
pouces ont brûlé à 25 pieds ; mais ayant répété plufieurs
fois ces expériences, j’ai caffé les glaces de trois- pieds &
(p) V o y e z les planches X, XI Ù“ XIJ.
P p p ij