io I n t r o d u c t i o n à l'H i s t o ir e
libres de toute cohérence, & qu’elles n’obéiffent qu’au
feul mouvement produit par leur attraction, cette vîteffe
acquifè eft immenfè dans le point du contaét. La chaleur,
la lumière, le feu qui font les grands effets de la force
expanfive, feront produits toutes les fois qu’artificielle-
ment ou naturellement les corps feront divifés en parties
très-petites, & qu’ils fe rencontreront dans des direétions
infiniment plus loin, parce que la
retardation du mouvement eft ici
en ordre inverfe de celui de l’accélération
, & que la vîtefle acquilè
au point du choc étant immenfè,
les efforts de I’attraélion ne pourront
la réduire à zéro qu’à une
diftance dont le carré fèroit également
immenfe; en forte que fi le
contaét étoit üblolu, & que la
diftance des deux corps qui fè
choquent, fut abfolument nulle, ils
s’éloigneroient l’un de l’autre juf-
qu’à une diftance infinie ; & c’eft
à peu-près ce que nous voyons
arriver à la lumière & au feu , dans
le moment de l’inflammation des
matières combuftibles ; car dans
l’inftant même, elfes lancent leur
lumière à une très-grande diftance,
quoique les particules qui fe font
converties en lumière, fuflent
auparavant très-voifines les unes
des autres.
que leur force d’attraélion réciproque
! II eft clair que dans cette fup-
pofition, la Lune & la Terre fè
précipiteraient l’une vers l’autre,
avec une vîtefle qui augmenterait
à chaque moment, dans la même
rai foh que diminuerait le carré de
leur diftance. Les vîtefîès acquifès
feront donc immenfès au point
de contaét, o u , fi l’on veut, au
moment de leur choc, & dès-lors
ces deux corps que nous avons
fuppofes à reflort parfait & libres
de tous autres empêchemens ,
c ’èft-à-dire, entièrement ifolés,
rejailliront chacun, & s’éloigneront
l'un de l’autre dans la direétion
oppofee , & avec la même vîteflè
qu’ils avoient acquilè au point du
contaét : vîteflè , qui quoique diminuée
continuellement par leur
attraélion réciproque, ne laiflèroit
pas de les porter d’abord au même
lieu d’où ils font partis, mais encore
d e s M i n é r a u x , I r Partie. u
oppofées ; & la chaleur fera d’autant plus fenfible, la lumière
d’autant plus vive, le feu d’autant plus violent que
les molécules fè feront précipitées les unes contre les
autres, avec plus de vîteffe par leur force d’attraélion
mutuelle.
De-làon doit conclure que toute matière peut devenir
lumière, chaleur, feu; qu’il fuffit que les molécules d’une
fubftance quelconque fe trouvent dans une fituation de
liberté, c ’efl-à-dire, dans un état de divifion affez grande
& de féparation telle qu’elles puiffent .obéir fans obftacle
à toute la force qui les attire les unes vers les antres; car
dès qu’elles fè rencontreront, elles réagiront les unes
contre les autres, & fè fuiront en s’éloignant^avec autant
de vîteffe qu’elles en avoient acquis au moment du
contaét, qu’on doit regarder comme un vrai choc ; puifque
deux molécules qui s’attirent mutuellement, ne.peuvent
fe rencontrer qu’en direétion contraire. Ainfi la lumière,
la chaleur & le feu ne font pas des matières particulières,
des matières différentes de toute autre matière; ce n’eft
toujours que la même matière qui n’afubi d’autre altération,
d ’autre modification, qu’une grande divifion de parties,
& une direétion de mouvement en fèns contraire par
l’effet du choc & de la réaétion.
C e qui prouve affez évidemment que cette matière
du feu & de la lumière, n’elt pas une fubftance différente
de toute autre matière, c ’eft qu’elle confèrve toutes les
qualités efïèntielles, & même la plupart des attributs de
la, matière commune ; i.° la lumière, quoique compofée
B i j