342 I n t r o d u c t i o n À l ’H i s t o i r e ,
aftiiré que le calibre des canons nouvellement fondus,
étant plus étroit que celui des anciens canons, il a fallu
diminuer les boulets, & que pour y parvenir, on a fait
rougir ces boulets à blanc, afin de les ratiffer enfiiite
plus aifément en les faifànt tourner; on m’a ajouté, que
fouvent on eft obligé de les faire chauffer cinq, fix &
même huit & neuf fois pour les réduire autant qu’il eft
néceffaire. Or, il ell évident par mes expériences, que
cette pratique eft mauvaifè, car un boulet chauffé à blanc
neuf fois, doit perdre au moins le quart de fbn poids, &
peut-être les trois quarts de fa folidité. Devenu caffant
& friable, il ne peut fèrvir pour faire brèche, puifqu’il fè
brifè contre les murs , & devenu léger il a auffi pour les
pièces de campagne le grand défavantage de ne pouvoir
aller auffi loin que les autres.
En général, fi l’on veut conferver au fer fà folidité &
fbn nerf, c ’efl-à-dire, fà maffe & fà force, il ne faut
l’expofèr au feu ni plus fouvent ni plus long-temps qu’il
eft néceffaire; il fùffira, pour la plupart des ufàges, de le
faire rougir fans pouffer le feu jufqu’au blanc, ce dernier
degré de chaleur ne manque jamais de le détériorer: &
dans les ouvrages où il importe de lui conferver tout fbn
nerf, comme dans les bandes que l’on forge pour les
canons de fitftl, il faudroit, s’il étoit poffible, ne les chauffer
qu’une fois pour les battre, plier & louder par une feule
opération; car, quand le fer a acquis fous le marteau,
toute la force dont il eft fùfceptible, le feu ne fait plus que
fa diminuer; c ’eft aux Artiftes à voir jufqu’à quel point
D ES MINÉRAUX, Partie Expérimentale. 343
ce métal doit être malléé pour acquérir tout fon nerf, &
cela ne feroit pas impoffible à déterminer par des expériences
; j’en ai fait quelques-unes que je vais rapporter ici.
1. ’
U ne boucle de fer de 1 8 lignes f de groffeur, c ’eft-
à-dire, 348 lignes quarrées pour chaque montant de fer,
ce qui fait pour le tout 696 lignes quarrées de fer, a caffé
fous le poids de 28 milliers qui tiroit perpendiculairement;
cette boucle de fer avoit environ 1 o pouces de largeur,
fur 1 3 pouces de hauteur, & elle étoit à très-peu près de
la même groffeur par-tout. Cette boucle a caffé prefque
au milieu des branches perpendiculaires, & non pas dans
les angles.
Si l’on vouloit conclure du grand au petit fur la force
du fer par cette expérience, il fe trouveroit que chaque
ligne quarrée de fer tirée perpendiculairement, ne pourrait
porter qu’environ 40 livres. 1 |
C e p en dant ayant mis à l’épreuve un fil de fer
d’une ligne un peu forte de diamètre, ce morceau de
fil de fer a porté, avant de fè rompre, 482 livres. Et un
pareil morceau de fil de fer, n’a rompu que fous la charge
de 49 5 livres ; en forte qu’il eft à préfumer qu’une verge
quarrée d’une ligne de ce même fer auroit porté encore
davantage, puifqu’elle auroit contenu quatre fègmens aux
quatre coins du quarré infcrit au cercle, de plus que le
fil de fer rond, d’une ligne de diamètre.