augmentation de pefanteur ne vient que de l’addition des
particules de lumière, de chaleur & d’air qui fe font enfin
fixées & unies à une matière, contre laquelle elles ont
fait tant d’efforts fans pouvoir ni l’enlever ni la brûler l
cela eft fi vrai, que quand on leur préfente enfùite une
fubftance combufiible avec laquelle elles ont bien plus
d’analogie ou plutôt de conformité de nature, elles s’en
faififfent avidement, quittent la matière fixe à laquelle
elles n’étoient, pour ainfi dire, attachées que par force,
reprennent par conféquent leur mouvement naturel, leur
élafticité, leur volatilité, & partent toutes avec la matière
combufiible, à laquelle elles viennent de fe joindre. Dès-
lors le métal ou la matière calcinée, à laquelle vous avez
rendu ces parties volatiles qu’elle avoit perdues par fà
combuftion , reprend fi première forme, & fa pefanteur
f e trouve diminuée de toute la quantité des particules de
feu & d’air qui s’étoient fixées, & qui viennent d’être
enlevées par cette nouvelle combuftion. Tout cela s’opère
par la feule loi des affinités ; & après ce qui vient d’être
dit, il me femble qu’il n’y a pas plus de difficulté à concevoir
comment la chaux d’un métal fe réduit, que d’entendre
comment il fe précipite en diffolution ; la caufe eft
la meme & les effets font pareils. Un métal diffous par
un acide fe précipite lorfqu’on préfente à cet acide une
autre fubftance avec laquelle il a plus d’affinité qu’avec le
métal, 1 acide le quitte alors & le laide tomber ; de même
ce métal calcine, c’eft-à-dire, chargé de parties d’air, de
chaleur & de feu qui s’étant fixées le tiennent fous la
d e s M i n e r a u x , I.re Partie. 7 y
forme d’une chaux fe précipitera, ou fi l’on veut fe réduira
lorfqu’on préfentera à ce feu & à cet air fixés, des matières
combuftibles avec lefquelles ils ont bien plus d’affinité
qu’avec le métal qui reprendra fà première forme dès qu’il
fera débarraffe de cet air & de ce feu fuperflus, & qu’il
aura repris, aux dépens des matières combuftibles qu’on
lui préfente, les parties volatiles qu’il avoit perdues.
Cette explication me paroît fi fimple & fi claire, que
je ne vois pas ce qu’on peut y oppofer. L ’obfcurité de
la chimie vient en grande partie de ce qu’on en a peu
généralifé les principes, & qu’on ne les a pas réunis à ceux
de la haute phyfique. Les Chimiftes ont adopté les affinités
fans les comprendre, c ’eft-à-dire, fans entendre le rapport
de la caufe à l’effet, qui néanmoins n’eft autre que celui
de [’attraction univerfèlle ; ils ont créé leur phlogiftique
fans fàvoir ce que c ’eft, & cependant c ’eft de l’air & du feu
fixes ; ils ont formé, à mefùre qu’ils en ont eu befoin, des
etres idéaux, des minéralifateurs, des terres mercurielles, des
noms, des termes d’autant plus vagues, que l’acception en
eft plus générale. J ’ofè dire que M. Macquer (u) & M. de
Morveau ( x ) , font les premiers de nos Chimiftes qui
aient commencé à parler françois^W. Cette fcience va donc
(u ) Dictionnaire de Chimie,
Paris, 1 7 6 6.
( x ) Digreffions académiques.
Dijon, 1 7 7 2 .
(y) Dans le moment même qu’on
imprime ces feuilles, paroît l’ouvrage
de M. Baume , qui a pour
titre, Chimie expérimentale Ix rai-
fonnée. L ’Auteur, non-lèulement y
parle une langue intelligible, mais
il s’y montre par-tout auffi bon
Phyficien que grand Chimifle, &
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