3 5 B I n t r o d u c t i o n à l ’H i s t o i r e
des mines que j’ai fait exploiter; ce fablon ferrugineux &
magnétique fe trouve mêlé avec les grains de mine qui ne
le font point du tout, & provient certainement d’une
caufe toute autre: le feu a produit ce fablon magnétique,
& l’eau les grains de mine ; & lorfque par hafard ils fe
trouvent mélangés, c’eft que le hafard a fait qu’on a brûlé
de grands amas de bois, ou qu’on a fait des fourneaux
de charbon for le terrein qui renferme les mines, & que
ce fablon ferrugineux qui n’eft que le détriment du
mâchefer que l’eau ne peut ni rouiller ni diffoudre , a
pénétré par la filtration des eaux auprès des lits de mine
en grains, qui fouvent ne font qu’à deux ou trois pieds de
profondeur. On a vu dans le Mémoire précédent, que
ce fablon ferrugineux qui provient du mâchefer des végétaux,
ou fi l’on veut du fer brûlé autant qu’il peut l’être,
paroit être le même à tous égards que celui qui fe
trouve dans la platine.
L e fer le plus parlait eft celui qui n’a prefque point
de grain, & qui eft entièrement d’un nerf de gris-cendré;
le fer à nerf noir eft encore très-bon, & peut-être eft-il
préférable au premier pour tous les ufages où il- faut
chauffer plus d’une fois ce métal avant de l’employer ; le
fer de la troifième qualité & qui eft moitié nerf & moitié
grain, eft le fer par excellence pour le commerce, parce
qu’on peut le chauffer deux ou trois fois fans le dénaturer;
le fer fàns nerf, mais à grain fin , fort auffi pour beaucoup
d’ufages, mais les fers fans nçrf & à gros grains, de-
vroient être profcrits & font le plus grand tort dans la
des M i n é r a u x , Pa r tie E x p é r im en ta le . 3 5 9
fociété, parce que malheureufement ils y font cent fois
plus communs que les autres. II ne faut qu’un coup d’oeil
à un homme exercé pour connoître la bonne ou la mau-
vaife qualité du fer, mais les gens qui le font employer,
foit dans leurs bâtimens, foit à leurs équipages, ne s’y
connoiffent ou n’y regardent pas, & payent fouvent-,
comme très-bon, du fer que le fardeau fait rompre ou
que la rouille détruit en peu de temps.
Autant les chaudes vives & pouflees jufqu’au blanc,
détériorent le fer, autant les chaudes douces où l’on ne
le rougit que couleur de cerifo, femblent l’améliorer; c ’eft
par cette raifon que les fers deftinés à paffor à la fonderie
ou à la batterie, ne demandent pas à être fabriqués avec
autant de foin que ceux qu’on appelle fers marcha?ids, qui
doivent avoir toute leur qualité. Le fer de tirerie fait une
claffe à part, il ne peut être trop pur, s’il contenoit des
parties hétérogènes il deviendroit très-cafiant aux dernières
filières ; or il n’y a d’autre moyen de le rendre pur que
de le faire bien fuer en le chauffant la première fois jufqu’au
blanc, & le martelant âvec autant de force que de
précaution, & enftiite en le fàifànt encore chauffer à blanc
afin d’achever de le dépurer fous le martinet en l’alongeant
pour en faire de la verge crénelée. Mais les fers deftinés
à être refendus pour en faire de la verge ordinaire, des
fers aplatis, des languettes pour la tô le, tous les fers en
un mot qu’on doit paffer fous les cylindres, n’exigent pas
le-même degré de perfection, parce qu’ils s’améliorent
au four de la fonderie, où l’on n’emploie que dubois,