grande adhéfion des parties dans chaque métal; cependant
cet ordre de la duélilité des métaux, paroît avoir autant
de rapport à l’ordre de la denfité qu’à celui de leur fufi-
bilité. Je dirois volontiers qu’il eft en raifon compofée
des deux autres, mais ce n’eft que par eftime & par une
prélbmption qui n’eft peut-être pas affez fondée; car il
n’eft pas auffi facile de déterminer au jufte les différens
degrés de la fufibilité que ceux de la denfité ; & comme
la duélilité participe des deux, & qu’elle varie luivant les
circonftances, nous n’avons pas encore acquis les con-
noiflànces néceffaires pour prononcer affirmativement p r
ce fujet, qui eft d’une allez grande importance pour mériter
des recherches particulières. Le même métal traité
à froid ou à chaud donne des réffiltats tout différens : la
malléabilité eft le premier indice de la duélilité, mais elle
ne nous donne néanmoins qu’une notion affez imparfaite
du point auquel la duélilité peut s’étendre. Le plomb, le
plus fbuple, le plus malléable des métaux, ne peut fè
tirer à la filière en fils auffi fins que l ’or, ou même que
le fer , qui, de tous, eft le moins malléable. D ’ailleurs il
faut aider la duélilité des métaux par l ’addition du feu,
fans quoi ils s’écrouiffent, & deviennent caftans; le fer
même, quoique le plus robufte de tous, s’écrouit comme
les autres; ainfi la duélilité d’un métal & l’étendue de
continuité qu’il peut ftipporter, dépendent non-fèulement
de fà denfité & de û fufibilité, mais encore de la manière
dont on le traite, de la percuffion plus lente ou
plus prompte, & de l’addition de chaleur ou de feu qu’on
lui donne à propos.
d e s M i n é r a u x , Partie Exp é rim en ta le , 2 9 3
I I.
M a in t en a n t fi nous comparons les fubftances qu’on
appelle demi-métaux & minéraux métalliques qui manquent
de duélilité, nous verrons que l’ordre de leur denfité eft,
émeril, z inc , antimoine, bifinuth, & que celui dans lequel
ils reçoivent & perdent la chaleur eft, antimoine, bifinuth,
zinc, émeril, ce qui ne fuit en aucune façon l ’ordre de
leur denfité, mais plutôt celui de leur fufibilité ; l’émeril
qui eft un minéral ferrugineux, quoiqu’une fois moins
denfè que le bifinuth, conferve la chaleur une fois plus
long-temps; le zinc plus léger que l ’antimoine & le
bifinuth, conferve auffi la chaleur beaucoup plus longtemps
; l’antimoine & le bifinuth la reçoivent & la gardent
à peu-près également. Il en eft donc des demi-métaux &
des minéraux métalliques comme des métaux : le rapport
dans lequel ils reçoivent & perdent la chaleur, eft à peu-
près le même que celui de leur fufibilité, & ne tient que
très-peu ou point du tout à celui de leur denfité.
Mais en joignant enfemble les fix métaux & les quatre
demi-métaux ou minéraux métalliques que j’ai fournis à
l’épreuve, on verra que l ’ordre des denfités de ces dix
fubftances minérales eft ;
Emeril, zinc, antimoine, étain, fer, cuivre, bifinuth,
argent, plomb, or.
Et que l’ordre dans lequel ces fubftances s’échauffent
& fè refroidiffent eft;
Antimoine, bifinuth, étain, plomb, argent, zinc, or,
cuivre, émeril, fer.