6z I nt roduc t ion, À l'Hi stoire
e ft v itre fc ib le dans la N a tu r e , à l ’e x c ep tion d e c e qui eft
volume, mais en augmentant là
mafle & Ion intenfité au point
de le rendre plus fort que par le
fécond moyen , & plus violent
que par le premier ; & ce moyen
de concentrer le feu & d’en augmenter
la maffe par les miroirs
ardens , eft encore le plus puifîànt
d.e tous.
O r , chacun de ces trois moyens
doit fournir un certain nombre
de réfultats différens ; fi par le premier
moyen on fond & vitrifie
telles & telles matières, il eft très-
poflible que par le fécond moyen
on ne puiffe vitrifier ces mêmes
matières , & qu’au contraire on en
puiflë fondre d’autres, qui n’ont
pu l’être par le premier moyen ,
& enfin il eft tout aufll poflîble
que par le troifième moyen on
obtienne encore plufieurs réfultats
fèmblables ou différens de ceux
qu’ont fournis les deux premiers
moyens. Dès-lors un Chimifte
qui, comme M. Pott, n’emploie
que le premier moyen, doit le
borner à donner les réfultats fournis
par ce moyen, faire, comme
il l’a fa it, l’énumération des matières
qu’il a fondues, mais ne pas
prononcer lur la non - fufibilité
des autres, parce qu’elles peuvent
l’etre par le fécond ou le troifième
moyen ; enfin ne pas dire affirmativement
& exclufivément , en
parlant de fon fourneau, qu’en une
heure de temps, ou deux au plus , i l
met en fonte tout ce qui e f fufible
dans la Nature. Et par la même
raifon, un autre Chimifte qui,,
comme M .d ’Areet, ne s’eft fervi
que du fécond moyen, tombe
dans l’erreur, s’il le croit en contradiction
avec celui qui ne s’eft
fervi que du premier moyen, &
cela parce qu’il n’a pu fondre
plufieurs matières que l’autre a
fait couler, & qu’au contraire il
a mis en fufion d’autres matières*
que le premier n’avoit pu fondre ;
car fi l’un ou l’autre fe fut avifé
d’employer fucceffivement les
deux moyens, il auroit bien fenti
qu’il n’étoit point en contradiction
avec lui-même, & que la différence
des réfultats ne provendit
que de la différence des moyens
employés. Que réfulte-t-il donc
de réel de tout ceci, finon qu’il
faut, ajouter à la lifte des matières
fondues par M. Po tt, celles de
DES A h NÉ R Au x , ï . re P a r t ie . 63
calcaire ; q u e le s q u a r tz , le s c r ifta u x , le s p ie r r e s p r é c ie u fe s ,
le s c a i l lo u x , le s g r è s , le s g r an ité s , p o r p h y r e s , agates ,
M . d’Arcet, & fê fouvenir feulement
que pour fondre les premières
il faut le premier moyen, &
le fécond pour fondre les autres !
Il n’y a par conféquent aucune
contradiélion entre les expériences
de M . Pott & celles de M. d’Arcet,
que je crois également bonites ;
mais tous deux après cette conciliation,
auroient encore tort de
conclure qu’ils ont fondu par ces
deux moyens tout ce qui eft fufible
dans la Nature, puifque l’on peut
démontrer que par le troifième
moyen , e’e ft-à -d ir e , par les
miroirs ardens, on fond & vitrifie,
on volatilife & même on brûle
quelques matières qui leur ont
également paru fixes & réfraétaires
au feu de leurs fourneaux. Je ne
m’arrêterai pas fur plufieurs chofes
de détail, qui cependant mérite-
roient animadverfîon, parce qu’il
eft toujours utile de ne pas laifîèr
germer des idées erronées ou des
faits mal vus , & dont on peut tirer
de fauflès conféquences. AI. d’Arcet
dit qu’il a remarqué conftam-
ment que la flamme fait plus d’effet
que le fèu de charbon ; oui fans
doute, fi ce fèu n’ell pas excité
par le vent, mais toutes les fois
que le charbon ardent fera vivifié
par un air rapide , il y aura de la
flamme qui fera plus aétive, &
produira de bien plus grands effets
que la flamme tranquille. De
même lorfqu’il dit que les fourneaux
donnent de la chaleur en
raifon de leur épaifîèur, cela ne
peut être vrai que dans le fèul
cas où les fourneaux étant fuppofè's
égaux, le feu qu’ils contiennent,
feroit en même temps animé par
deux courans d’air, égaux en volume
& en rapidité ; la violence
du feu dépend prelqu’en entier de
cette rapidité du courant de l’air
qui l’anime, je puis le démontrer
par ma propre expérience : j ’ai
vu le grès que M. d’Arcet croit
infufible , couler & fe couvrir
d’émail par le moyen de deux
bons foufflets, mais fans le fecours
d’aucun fourneau & à feu ouvert.
L ’effet des fourneaux épais n’efi
pas d’augmenter la chaleur, mais
delà confèrver, & ils la confervent
d’autant plus long-temps qu’ils
font plus épais.