388 I n t r o d u c t i o n à l ’H i s t o i r e
toute la malle paroît ductile & pénétrée*d’une humidité
grade & liante, qui ne peut provenir que de l’humide de
l’air que la pierre a puiffamment attiré & abforbé pendant
les cinq fèmaines de temps employées à Ion extinétion :
A u relie, la chaux que l’on tire communément des fourneaux
de forge a toutes ces mêmes propriétés; ainfi la
chaleur obfeure & lente produit encore ici les mêmes
effets que le fèu le plus vif & le plus violent.
Il lortit de cette démolition de l’intérieur du fourneau,
232 quartiers de pierre de taille tous calcinés plus ou
moins profondément ; ces quartiers avoient communément
quatre pieds de longueur, la plupart étaient en chaux jufqu’à
dix-huit pouces, & les autres à deux pieds, & même deux
pieds & demi, & cette portion calcinée fe féparoit aifé-
ment du relie de la pierre qui étoit faine & même plus dure
que quand on l’avoit pofée pour bâtir le fourneau. Gette
ohfèrvation m’engagea à faire les, expériences lui vantes.
Q u a t r i è m e e x p é r i e n c e .
Je fis pefer dans l’air & dans l’eau trois morceaux de
ces pierres qui,,comme l’on voit, avoient liibi la plus
grande chaleur qu’elles puffent éprouver fans fe réduire
en chaux, & j’en comparai la pefànteur fpécifique avec
celle de trois autres morceaux à peu-près du même
volume, que j’avois fait prendre dans d’autres quartiers
de cette même pierre qui n’avoient point été employés à
la conftruélion du fourneau, ni paf conféquent chauffés,
mais qui avoient été tirés de la même carrière neuf mois
d e s M i n é r a u x , Partie Expé rimen ta le. 3 8 9
auparavant, & qui étoient reliés à l’expofition du foleil &
de l’air. Je trouvai que la pefànteur fpécifique des pierres
échauffées à ce grand feu pendant cinq mois avoit augmenté
, qu’elle étoit conflamment plus grande que celle
de la même pierre non échauffée, d’un 81 .c fur le premier
morceau, d’un 90.0 litr le f é c o n d & d’un 8 j.c fur le
troifième ; donc la pierre chauffée au degré voilin de celui
de là calcination gagne au moins un 86.c de maffe, au lieu
qu’elle en perd trois huitièmes par la calcination qui ne
fuppofe qu’un degré de chaleur de plus. Cette différence
ne peut venir que de ce qu’à un certain degré de violente
chaleur ou de feu, tout l’air & toute l ’eau transformés ert
matière fixe dans la pierre, reprennent leur première
nature, leur élaflicité, leur volatilité, & que dès-lors ils fe
dégagent de la pierre & s’élèvent en vapeurs , que le feu
enlève & entraîne avec lui. Nouvelle preuve que la pierre
calcaire efl en très-grande partie compofée d’air fixe &
d’eau fixe faifis & transformés en matière folide par le
filtre animal.
Après ces expériences j ’en fis d’autres fur cette même
pierre échauffée à un moindre degré de chaleur, mais
pendant un temps auffi long; je fis détacher pour cela
trois morceaux des parois extérieures de la lunette de la
tuyère, dans un endroit où la chaleur étoit à peu-près de
degrés, parce que le fouffe appliqué contre la muraille
s’y râmolliffoit & commençoit à fondre y & que ce degré
de chaleur efl à très-peu près celui auquel le foufre entre
en fùfion.. Je trouvai par trois épreuves femblables aux