les couleurs matérielles en dépendent, le vermillon n’eft
rouge que parce qu’il réfléchit abondamment les rayons
les fatellites de Jupiter fuflent illu-
minés fucceffivement par toutes
ïes couleurs du prifme, pour re-
connoître par leurs éclipfes s ii y
auroit plus ou moins de vîtefle
dans le mouvement de la lumière
violette que dans le mouvement
de la lumière rouge ; car ce n’eft
que par la comparaifon de la vîteflë
de cesjdeux difFérens rayons qu'on
peut lavoir fi l’un a plus-de relîort
que l’autre ou plus de réflexibilité.
Mais on n’a jamais obfervé que les
fatellites, au moment de leur émer-
fion, aient d’abord paru violets,
& enfuite éclairés fucceffivement
de toutes les couleurs du prifme ;
donc il eft à préfumer que les
rayons de lumière ont à peu-près
tous un reffiort égal, & par confé-
quent autant de réflexibilité. D ’ailleurs
le cas particulier où le violet
paroît être plus réflexible ne vient
que de la réfraiftion, & ne paroît
pas tenir à la réflexion, cela eft aifé
à démontrer. Newton a fait voir,
à n’en pouvoir douter, que les
rayons difFérens font inégalement
réfrangibles, que le rouge I’eft le
moins & le violet le plus de tous ;
il n’eft donc pas étonnant qu’à une
certaine obliquité lé rayon violet fë
trouvant en fortant du prifme plus
oblique à la furfâce que tous les
autres rayons,i!foit le premier faifi
par l’auraétiondu verre & contraint
d’y rentrer, tandis que les autres
rayons, dont l’obliquité eft moindre
, continuent leur route fans être
affez attirés, pour être obligés de
rentrer dans le verre; ceci n’eft donc
pas, comme le prétend Newton ,
une vraie réflexion, c’eft: feulement
une fuite de la réfraétion. Il
me femble qu’il ne de voit donc
pas aflùrer en général que les
rayons lès plus réfrangibles étoient
les plus réflexibles. Gela ne me
paroît vrai qu’en prenant cette fuite
de la réfraélion pour une réflexion,
ce qui n’en eft pas une; car il eft
évident qu’une lumière qui tombe
fur un miroir & qui en réjaillit en
formant un angle de réflexion égal
à celui d’incidence, eft dans un
cas bien différent de celui où elle
fe trouve au lortir d’un verre fi
oblique à la furface quelle eft
contrainte d’y rentrer ; ces deux
phénomènes n’ont rien de coin-
mun, & ne peuvent, a mon avis,
s’expliquer par la même caufe.
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 527
rouges de la lumière, & qu’il abforbe les autres; 1 outremer
ne paroît bleu que parce qu’il réfléchit fortement les
rayons bleus, & qu’il reçoit dans tes pores tous lés autres
rayons qui s’y perdent. H en eft dé même des autres
couleurs des corps opaques & tranfparens;- la tranfpa-
rence dépend dç l ’uniformité de denfité; lorfque les
parties compofàntes d’un corps font d’égale denfite, de
quelque figure quefoientees mêmes parties-', le corps fera
toujours tranfparent. Si l’on réduit ûn corps tranfparent1
à une fort petite épaifleur, cette plaque mince produira
des couleurs dont l’ordre & les principales apparences'
font fort différentes des phénomènes du fpeélre ou de
la frange colorée ; auffi ce n’eft pas par la réfraction que
ces couleurs font produites, c ’eft par-la réflexion : les
plaques minces des corps tranfparens, les bulles de favon,
les plumes des oifeaux, &c. paroiflent colorées parce
qu’elles réfléchiflent certains rayons & laiffent paffer ou
abforbent les autres ; ces couleurs ont leurs loix & dépendent
de i’épaiffeur de la plaque mince, une certaine
épaifleur produit conftamment une certaine couleur,
toute autre épaifleur ne peut la produire, mais en produit
une autre; & lorfque cette épaifleur eft diminuée à
l’infini, en forte qu’au lieu d’une plaque mince & tranf-
parente on n’a plus qu’une furface polie for un corps
opaque, ce poli qu’on peut regarder comme le premier
degré de la tranfparence, produit aufli des couleurs par
la réflexion , qui ont encore d’autres loix; car lorfqu on
laide tomber un trait de lumière fur un miroir de métal,
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