qui feule ne feiffiroit pas pour le communiquer même
de près.
Cette communication du feu mérite une attention
particulière. J ’ai vu, après y avoir réfléchi, que pour la
bien entendre il fàlloit s’aider, non-feulement des faits
qui paroiffent y avoir rapport, mais encore de quelques
expériences nouvelles, dont le fuccès ne me paroît laiffer
aucun doute fer la manière dont fe fait cette opération
de la Nature. Q u ’on reçoive dans un moule deux ou
trois milliers de fer au fortir du fourneau, ce métal perd
en peu de temps fon incandefeence, & cefle d’être
rouge après une heure ou deux , feiivant l’épaifleur plus
ou moins grande du lingot. Si dans ce moment qu’ii
cefle de nous paroître rouge on le tire du moule, les
parties inférieures feront encore rouges , mais perdront
cette couleur en peu de temps. Or tant que le rouge
febflfle on pourra enflammer, allumer les matières com-
buflibles qu’on appliquera fer ce lingot; mais dès qu’il
a perdu cet état d’incandefeence, il y a des matières en
grand nombre qu’il ne peut plus enflammer; & cependant
la chaleur qu’il répand eft peut-être cent fois plus grande
que celle d’un feu de paille qui néanmoins communi-
queroit l’inflammation à toutes ces matières ; cela m’a fait
penfer que la flamme étant néceflaire à la communication
du feu, il y avoit de la flamme dans toute incandefeence :
la couleur rouge femble en effet nous l’indiquer; mais
par l’habitude où l’on eft de ne regarder comme flamme
que cette matière légère qu’agite & qu’emporte l ’air, on
d e s M i n é r a u x , I.re Partie. 6 7
n’a pas penfé qu’il pouvoit y avoir de la flamme affez
denfe pour ne pas obéir comme la flamme commune à
l ’impulfion de l’air; & c ’eft ce que j’ai voulu vérifier par
quelques expériences, en approchant par degrés de ligne
& de demi - ligne, des matières combuftibles, près de la
ferface du métal en incandefeence & dans l’état qui fuit
{’incandefeence (r).
Je feis donc convaincu que les matières incombuftibles
& meme les plus fixes, telles que l’or & l’argent, font, dans
1 état d incandefeence, environnées d’une flamme denfe
qui ne s etend qu a une très-petite diftance, & qui, pour
ainfi dire, eft attachée à leur fiirface, & je conçois aifement
que quand la flamme devient denfe à un certain degré,
elle cefle d ’obéir à la fluéluation de l’air. Cette couleur
blanche ou rouge qui fort de tous les corps en incandefeence
& vient frapper nos yeux, eft l’évaporation de
cette flamme denfe qui environne le corps en fe renouvelant
inceflamment à là ferface ; & fa lumière du foleil
même n’eft-elle pas l’évaporation de cette flamme denfe
dont brille fit furfaee avec fi grand éclat! cette lumière ne
produit-elle pas, lorfqu’on la condenfe, les mêmes effets
que la flamme la plus vive! ne communique-t-elle pas le
feu avec autant de promptitude & d’énergie ! ne réfifte-
t-elle pas comme notre flamme denfe à l’impulfion de
l ’air! ne fuit-elle pas toujours une route direde que le
( r) Voyez le détail de ces expériences dans la partie expérimentale
de cet ouvrage.