parties autant &plus que le feu lorfqu’il les fond; & ces
parties atténuées, divifoes a ce point, fo joindront, fo
reuniront de la meme maniéré que celles du métal fondu
fè réunifient en fe refroidiflànt. Pour nous faire mieux
entendre, arrêtons-nous un inftant fur la criftallifation ;
cet effet dont les fols nous ont donné l ’idée, ne s'opère
jamais que quand une fubftance étant dégagée de toute
autre fubftance fe trouve très-divifoe & foutenue par un
fluide qui, n’ayaqtavec elle que peu ou point d’affinité, lui
permet de fe réunir & de former, en vertu de fa. force d’at-
traétion, des mafles d’une figure à peu-près femblable à la
figure de fe s parties primitives ; cette opération qui fùppofo
toutes les circonftances que je viens d’énoncer, peut fe
faire par l ’intermède du feu aufli-bien que par celui de
l’eau, & fe fait très-fouvent par le concours des deux, parce
que tout cela ne luppofè ou n exige qu’uqe divifion aflez
grande de la matière, pour que fe s parties primitives puiflenr,
pour ainfi dire, fe trier & former, en fe réunifiant, des corps
figurés comme elles: or le feu peut tout aufïï-bien, &
mieux qu’aucun autre diffolvant, amener pïufieurs fubf-
tances à cet état, & l’obfèrvation nous le démontre dans les
régules, dans les amiantes, les bafaltes, & autres productions
du feu dont les figures font régulières, & qui toutes
doivent être regardées comme de vraies criftallifàtions.
Et ce degré de grande divifion, nécefiaire à la criftalli-
fâtion, n eft pas encore celui de la plus grande divifion
poffible ni réelle, puifque dans cet état les petites parties
de la matière font encore aflez greffes pour conftituer
une mafle qui, comme toutes les autres mafles, n’obéit
qu’à la feule force attraélive, & dont les volumes ne fe
touchant que par des points, ne peuvent acquérir la force
répulfive, qu’une beaucoup plus grande divifion ne manquerait
pas d’opérer par un contaét plus immédiat, &
c ’eft auffi ce que l’on voit arriver dans les effèrvefcences,
ou tout d un coup la chaleur & la lumière font produites
par le mélange de deux liqueurs froides. C e degré de
divifion de la matière eft ici fort au-deflùs du degré
nécefiaire à la criftallifation, & l’opération s’en fait auffi
rapidement que l’autre s’exécute avec lenteur.
La lumière, la chaleur, le feu, l ’air, l’eau, les fels,
font les degrés par lefquels nous venons de defcendre
du haut de l’échelle de la Nature à fa bafe qui eft la terre
fixe. Et ce font en même temps les feuls principes que
l’on doive admettre & combiner pour l’explication de
tous les phénomènes. Ces principes font réels, indé-
pendans de toute hypothèfè & de toute méthode; leur
converfion, leur transformation eft toute auffi réelle, puiff
qu’elle eft démontrée par l’expérience. Il en eft de même
de l’élément de la terré, il peut fe convertir en fe volati-
lifànt, & prendre la forme des autres élémens, comme
ceux-ci prennent la fienne en fe fixant. Mais de la même
manière que les parties primitives du feu, de l’air ou de
l’eau ne formeront jamais foules des corps ou des mafles
qu’on puifle regarder comme du feu, de l ’air ou de l’eau
purs ; de même il me paraît très-inutile de chercher dans
les matières terreftres une fubftance de terre pure : la fixité,