le liquide , le dijfolvant; & le folide, le corps à dijjoudre ;
mais dans le réel lorlqu’il y a diffolution les deux corps
font adifs & peuvent être également appelés diflolvans;
feulement regardant le fel comme le diffolvant, le corps
diffout peut être indifféremment ou liquide ou folide ; &
pourvu que les parties du fel foient affez divifées pour
toucher immédiatement celles des autres fobftances, elles
agiront & produiront tous les effets de la diffolution. On
voit par-là combien l’adion propre des fels & fadion
de l’élément de l’eau qui les contient doivent influer for
la compofition des matières minérales. La Nature peut
produire par ce moyen tout ce que nos arts produifent
par le moyen du feu ; il ne faut que du temps pour que
les fels & l’eau opèrent for les fobftances les plus corn-
pades & les plus dures , la divifion la plus complète &
l ’atténuation la plus grande de leurs parties ; ce qui les
rend alors fofeeptibles de toutes les combinaifons poffibles
& capables de s’unir avec toutes les fobftances analogues ,
& de fe féparer de toutes les autres. Mais ce «temps qui
n’eft rien pour la Nature & qui ne lui manque pas, eft
de toutes les chofes néceffaires celle qui nous manque
le plus ; c ’eft faute de temps que nous ne pouvons imiter
fes procédés ni foivre fà marche ; le plus grand de nos
arts feroit donc l’art d’abréger le temps, c ’eft-à-dire, de
faire en un jour ce qu elle fait en un ftècle : quelque vaine
que paroifîe cette prétention, il ne faut pas y renonceri
nous n avons a la vérité ni les grandes forces ni fe temps
encofe plus grand de la Nature, mais nous avons au-deffus
d e s M i n é r a u x , I l . ie Partie. 1 17
d’elle la liberté de les employer comme il nous plaît ;
notre volonté eft une force qui commande à toutes les
autres forces, lorfque nous la dirigeons avec intelligence.
Ne fommes-nous pas venus à bout de créer à notre ufàge
l’élément du feu qu’elle, nous avoit caché ! ne l’avons-nous
pas tiré des rayons qu’elle ne nous envoyoit que pour nous
éclairer ! n’avons-nous pas par ce même élément trouvé
le moyen d’abréger le temps en divifant fes corps par une
fùfion auffi prompte que leur divifion feroit lente par tout
autre moyen ! &c.
Mais cela ne doit pas nous faire perdre de vue que la
Nature ne puiffe faire & ne fàffe réellement, par le moyen
de l’eau, tout ce que nous faifons par celui du feu. Pour
le voir clairement, il faut confidérer que la décompofi-
tion de toute fubftance ne pouvant fe faire que par la
divifion , plus cette divifion fera grande & plus la décom-
pofition fera complète; le feu femble divifer autant qu’il
eft pofhble, les matières qu’il met en fufion ; cependant
on peut douter fi celles que l’eau & les acides tiennent
en diffolution ne font pas encore plus divifées, & les
vapeurs que la chaleur élève, ne contiennent-elles pas
des matières encore plus atténuées ! Il fe fait donc dans
l’ intérieur de la terre, au moyen de la chaleur qu’elle
renferme & de l’eau qui s’y infinue.une infinité de fiibli-
mations, de diftillations, decriftallifàtions, d’agrégations,
de disjonétions de toute efpèce: Toutes les fîibftances
peuvent être avec le temps compofées & décompofées
par ces moyens ; l’eau peut les divifer & en atténuer les