Lune vient de l’aétion du Soleil ; en forte que jufqu’ici tout
s accorde, & fa théorie fe trouve auffi vraie & auffi exaéte
dans tous les cas les plus compliqués comme dans ceux
qui le font le moins.
Cependant un de nos grands Géomètres a prétendu (c)
que la quantité abfolue du mouvement de l’apogée ne
pouvoit pas fè tirer de la théorie de la gravitation, telle
qu’elle eft établie par Newton, parce qu’en employant
les loix de cette théorie, on trouve que ce mouvement
ne devroit s’achever qu’en dix-huit ans, au lieu qu’iî
s achève en neuf ans. Malgré l’autorité de cet habile Mathématicien
Si les raifons qu’il a données pour foutenir fbn
opinion, j ’ai toujours été convaincu, comme je le fins
encore aujourd’hui , que la théorie de Newton s’accorde
avec les obfèrvatîons ; je n’entreprendrai pas ici cfe faire
1 examen qui fèroit nécefïàire pour prouver qu’il h’eft
pas tombé dans l ’erreur qu'on lui reproche, je trouve
qu’il eft plus court d’affurer fa loi de l'attraction telle
qu elle e ft, & de faire voir que la foi que M. Cfairaut
a voulu fùbftituerà celle de Newton , n’eft qu’une fùp-
pofition qui implique contradiction.
Car admettons pour un inftant ce que M. Claîraut
prétend avoir démontré, que par la théorie de l’attraéliort
mutuelle , le mouvement des apfides devroit fè faire en
dix-huit ans, au lieu de fe faire en neuf ans, & fouvenons-
(c) M. Clairàut. Voyez les Mémoires de l’Académie des Sciences.,
année 1 7 7 7 .
d e s M i n Ê R AU x, Il.Je Pa r tie . 1 3 1
nous en même temps qu’à l’exception de ce phénomène,
tous les autres, quelque compliqués qu’ils foient, s’accordent
dans cette même théorie très-exaélement avec les
obfèrvations ; à en juger d’abord par les probabilités, cette
théorie doit fùbfifter puîfqu’il y a un nombre très-confi-
dérable de choies où elle s’accorde parfaitement avec la
Nature, qu’il n’y a qu’un fèul cas où elle en diffère, &
qu’il eft fort aifé de fè tromper dans l’énumération des
caufes d’un feul phénomène particulier ; il me paraît donc
que la première idée qui doit fe préfenter , eft qu’il faut
chercher la raifbn particulière de ce phénomène fingulier,
& il me fèmble qu’on pourrait en imaginer quelqu’une;
par exemple, fi la force magnétique de la terre pouvoit,
comme le dit Newton, entrer dans le calcul, on trouverait
peut-être qu’elle influe fur le mouvement de la Lune,
& qu’elle pourroit produire cette accélération dans le
mouvement de l’apogée, écc’eft dans ce cas où en effet
il faudrait employer deux termes pour exprimer la mefùre
des forces qui produifent le mouvement de la Lune. Le
premier terme de l’expreflion ferait toujours celui de la
loi de l’attraélion univerfèlle, c ’eft-à-dire, la raifbn in-
verfè &■ exaéte du quarré de la diftance, &Ie fécond terme
repréfenteroit la mefùre de la force magnétique.
Cette fùppofition eft fans doute mieux fondée que celle
de M, Clairaut, qui me paroît beaucoup plus hypothétique,
&fùjette d’ailleurs à des difficultés invincibles: exprimer
la loi d’attraélion par deux ou plufieurs termes , ajouter à
la raifbn inVerfè du quarré de la diftance une fraction
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