366 I n t r o d u c t i o n à l’H i s t o i r e
en efl d’une fi grande importance pour la vie des hommes
& pour la gloire de l’Etat, qu’il mérite la plus grande
attention.
Le fer fo décompofo par l’humidité comme par le feu;
il attire l’humide de l’air, s’en pénètre & fo rouille, c ’efl-
à-dire, le convertit en une elpèce de terre fans liailon,
làns cohérence ; cette converfion fe fait en allez peu de
temps dans les fers qui font de mauvaifo qualité ou mal
fabriqués: ceux dont l’étoffe ellbonne, &dont les lùrfaces
font bien Mes ou polies le défendent plus longtemps,
mais tous font fùjets à cette elpèce de mal, qui de la
lùperfieie gagne alfez promptement l’intérieur, & détruit
avec le temps le corps entier du fer. Dans l’eau il fe
conlèrve beaucoup mieux qu’à l’air, & quoiqu’on s’aperçoive
de fon altération par la couleur noire qu’il y prend
après un long fojour, il n’elt point dénaturé, il peut être
forgé, au lieu que celui qui a été expofé à l’air pendant
quelques fiècles , & que les ouvriers appellent du fer luné,
parce qu’ils s’imaginent que la lune le mange, ne peut ni
fo forger ni lèrvir à rien, à moins qu’on ne le revivifie
comme les rouilles & les fâfrans de mars, ce qui coûte
communément plus que le fer ne vaut. C ’efl en ceci que
confifle la différence des deux décompofitions du fer;
dans celle qui fo fait par le feu, la plus grande partie du
fer fo brûle & s’exhale en vapeurs comme les autres
matières combufiibles, il ne refie qu’un mâchefer qui
contient, comme celui du bois, une petite quantité de
matière très-attirable par l’aimant qui eft bien du vrai fer,
DES M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 367
mais qui m’a paru d’une nature fingulière & fomblable
comme je l’ai dit, au fàblon ferrugineux qui fo trouve en
fi grande quantité dans la platine. La décompofition par
l ’humidité ne diminue pas à beaucoup près autant que la
combuflion, la maffe du fer, mais elle en altère toutes
les parties au point de leur faire perdre leur vertu magnétique,
leur cohérence & leur couleur métallique; c ’efl
de cette rouille ou terre de fer que font en grande partie
compofées les mines en grain, l’eau après avoir atténué
ces particules de .rouille & les avoir réduites en molécules
fonfibles, les charie & les dépofo par filtration dans le foin
de la terre, où elles fo réuniffent en grain par une forte de
criflallifàtion qui fofait comme toutes les autres, parl’at-
traélion mutuelle des molécules analogues ; & comme
cette rouille de fer étoit privée de la' vertu magnétique,
il n’efl pas étonnant que les mines en grain qui en proviennent,
en foient également dépourvues. Ceci me paraît
démontrer d’une manière affez claire, que le magnétilme
fuppofo l’aélion précédente du feu ; que c ’efl une qualité
particulière que le feu donne au fe r , & que l’humidité de
l’air lui enlève en le décompofànt.
Si l'on met dans un vafo une grande quantité de limaille
de fer pure, qui n’a pas encore pris de rouille, & fi on
la couvre d’eau, on verra en la laiffant fécher, que cette
limaille fo réunit par ce foui intermède, au point de faire
une maffe de fer affez folide, pour qu’on ne puiffe la caffer
qu’à coups de maffe : ce n’efl donc pas précifément l’eau
qui décompofo le fer & qui produit la rouille, mais plutôt