corps & en évaluer la quantité, il viendra quelque jour un
Phyficien habile qui trouvera les moyens de diftraire le
feu de toutes les matières où il fe trouve fous une forme
fixe ; mais il faut auparavant faire la table de ces matières,
en établiffant par l’expérience les différons rapports dans
lefquels le feu fe combine avec toutes les fùbflances qui
lui font analogues, & fe fixe en plus ou moins grande
quantité, félon que ces fubftances ont plus ou moins de
force pour le retenir.
Car^ il efl évident que toutes les matières dont la
pefànteur augmente par l’aélion du feu , font douées
d’une force attraélive,, telle que fon effet efl fupérieur
à celui de la force expanfive, dont les particules du feu
font animées; puifque celle-ci s’amortit & s’éteint, que
fon mouvement ceffe, & que d’élafliques & fugitives
qu’étoient ces particules ignées, elles deviennent fixes,
folides & prennent une forme concrète. Ainfi les matières
qui augmentent de poids par le feu comme l’étain, le
plomb, les fleurs de zinc, &c. & toutes les autres qu’on
pourra découvrir, font des fubftances qui, par leur affinité
avec le feu, l’attirent & fe l ’incorporent. Toutes les
matières au contraire qui, comme le fer, le cuivre, &c.
deviennent plus légères à mefùre qu’on les calcine, font
des fùbflances dont la force attraélive, relativement aux
particules ignées, efl moindre que la force expanfive du
feu; & c’ efl ce qui fait que le feu, au lieu de fe fixer dans
ces matières, en enlève au contraire & en cbaffe les parties
les moins liées qui né peuvent réfifler à fon impulfion.
d e s M i n e r a u x , 1. " Partie. 59
Enfin celles qui, comme l ’or, la platine, l’argent, le
grès, &c. ne perdent ni n’acquièrent par l’application
du feu, & qu’il ne fait pour ainfi dire, que traverfer fans
en rien enlever & fans y rien laiffer, font des fubftances
qui, n’ayant aucune affinité avec le feu, & ne pouvant fe
joindre avec lui, ne peuvent par conféquent ni le retenir
ni l ’accompagner en fe laiffant enlever. Il efl évident que
les matières des deux premières clafTes, ont avec le feu
un certain degré d’affinité, puifque celles de la féconde
claffe fe chargent du feu qu’elles retiennent, & que le
feu fe charge de celles de la première claffe & qu’il les
emporte; au lieu que les matières de la troifième claffe
auxquelles il ne donne ni n’ôte rien , n’ont aucun rapport
d’affinité ou d’attraélion avec lu i, & font, pour ainfi dire,
indifférentes à fon action, qui ne peut ni les dénaturer ni
même les altérer.
Cette divifion de toutes les matières en trois claffes
relatives à l’aétion du feu, n’exclut pas la divifion plus
particulière & moins abfolue de toutes les matières en
deux autres claffes, qu’on a jufqu’ici regardées comme
relatives à leur propre nature, qui, d it-on, efl toujours
vitrefcible ou calcaire. Notre nouvelle divifion n’efl qu’urt
point de vue plus élevé, fous lequel il faut les confidérer
pour tâcher d’en déduire la connoiffance même de l’agent
qu’on emploie par les différens rapports que le feu peut
avoir avec toutes les fùbflances auxquelles on l’applique;
faute de comparer ou de combiner ces rapports, ainfi que
les moyens qu’on emploie pour appliquer le feu, je vois
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