386 I n t r o d u c t i o n à l ' H i s t o i r e
rougir, il en fortitune vapeur légère & qui parut enflammée,
mais qui fe diffipa dans un inftant : j ’obfervai alors les pierres
des parois du fourneau, elles me parurent calcinées en très-
grande partie & très-profondément ; & en effet ayant laifle
refroidir le fourneau pendant dix jours, elles fè font trouvées
calcinées jufqu’à deux pieds, & même deux pieds &
demi de profondeur, ce qui ne pouvoit provenir que de
la chaleur que j’y avois renfermée pour faire mes expériences;
attendu que dans les autres fondages le feu animé
par les foufflets n’avoit jamais calciné les mêmes pierres
à plus de huit pouces d’épaiffeur dans les endroits où il
eft le plus vif, &*feulement à deux ou trois pouces dans
tout le relie, au lieu qüe toutes les pierres, depuis le
creufet jufqu’au terre-plein du fourneau , ce qui fait une
hauteur de vingt pieds, étoient généralement réduites en
chaux d’un pied & demi, de deux pieds, & même de
deux pieds & demi d’épaiffeur : comme cette chaleur renfermée
n’avoit pu trouver d’ilfue, elle avoit pénétré les
pierres bien plus profondément que la chaleur courante.
On pourrait tirer de cette expérience les moyens de
cuire la pierre & de Étire de la chaux à moindres frais,
c ’eft-à-dire, de diminuer de beaucoup la quantité de bois
en fo fèrvant cf un fourneau bien fermé au lieu de fourneaux
ouverts; il ne faudrait qu’une petite quantité de charbon
pour convertir en chaux, dans moins de quinze jours,
toutes les pierres contenues-dans le fourneau, & les murs
même du fourneau à plus d’un pied d’epaiffeur, s’il étoit
bien exactement fermé.
D E S M I N É R A U X , Partie Expérimentale. 387
Dès que le fourneau fut affez refroidi pour permettre
aux ouvriers d’y travailler, on fut obligé d’en démolir tout
l’intérieur du haut en bas, for une épaiflëur circulaire de
quatre pieds, on en tira 54 muids de chaux, for laquelle
je fis les obfervations foivantes : 1.° toute cette pierre,
dont la calcination s’étoit faite à feu lent & concentré,
n’étoit pas devenue aulfi légère que la pierre calcinée à
la manière ordinaire; celle-ci, comme je l’ai dit, perd à
très-peu près la moitié de fon poids, & celle de mon
fourneau n’en avoit perdu qu’environ trois huitièmes;
2.0 elle ne fàifit pas l’eau avec la même avidité que la
chaux vive ordinaire; lorfqu’on l’y plonge, elle ne donne
d’abord aucun figné de chaleur ni d’ébullition, mais peu
après elle fè gonfle, fè divife & s’élève, en forte qu’on
n’a pas befoin de la remuer comme on remue la chaux
vive ordinaire pour l’éteindre ; 3.° cette chaux a une faveur
beaucoup plus âcre que la chaux, commune, elle contient
par conséquent beaucoup plus d’alkali fixe; 4.0 elle eft
infiniment meilleure, plus liante & plus.forte que l’autre
chaux, & tous les ouvriers n’en emploient qu’environ les
deux tiers de l’autre, & afïùrent que le mortier eft encore
excellent; 5.0 cette chaux ne s’éteint à l’air qu’après un
temps très-long, tandis qu’il ne faut qu’un jour ou deux
pour réduire la chaux vive commune en poudre à l’air
libre, celle-ci réfifte à l’impreffion de l’air pendant un
mois ou cinq fèmaines ; 6.“ au lieu-de fè réduire en farine
ou en poufllère fèche comme la chaux commune, elle
confèrve fon volume, & lorfqu’on fa divife en l’écrafànt,
C c c ij