ou de toute autre matière combuftible allumée, font des
feux non-feulement du meme ordre, mais d’une feule &
meme nature, auxquels le jfècoursde l’air eft également
refolus d attendre auffi long temps
cju il icroit necefi'îire pour lavoir
fi cette fumée ne viendroit pas
enfin à s’enflammer ; je pafîài
neuf heures à l’examiner de temps
à autre; elle étoit très-sèche,
tres-luflocante, tres-lenfiblement
chaude, mais toujours noire &
iàns flamme au bout de cinquanter
cinq heures. Dans cet état , je la
laiffài pour la troifième fois. Le
jour fuivant, treize heures après
les cinquante-cinq, je la retrouvai
encore de meme , le charbon de
mes fourneaux baifîe de même ;
& comme je réfléchilïois fur cette
confommation de charbon fans
flamme, qui étoit d’environ moitié
de la confommation qui s’en fait
dans le même temps & dans les
mêmes fourneaux, lorfqu’il y a de
la flamme ; je commençai à croire
que je pourrais bien ufer beaucoup
de charbon, fins avoir de
flamme, puifque depuis trois jours
on avoit chargé trois fois les fourneaux
( car j’oubliois de dire que
ce jour même on venoit de remplir
la cavité vide du grand fourneau,
avec 8o livres de charbon, &
celle du petit avec 6o livres) ; je
les laiflii néanmoins fumer encore
plus de cinq heures. Après avoir
perdu l’efpérance de voir cette
fumée s’enflammer d’elle-même,
je la vis tout d’un coup prendre
feu , & faire une elpèce d’explo-
fion dans l’inftant même qu’on
lui préfenta la flamme légère d’une
poignée de paille; le tourbillon
entier de la fumée s’enflamma
jufqu’à S à i o pieds de diflance
& autant de hauteur; la flamme
pénétra la maffe du charbon, &
defcendit dans le même moment
julqu’au bas du fourneau , &
continua de brûler à la manière
ordinaire ; le charbon fe confom-
moit une fois plus vite, quoique
le feu d’en bas ne parût guère
plus animé ; mais je fuis convaincu
que mes fourneaux auraient éternellement
fumé , fi l’on n’eût pas
allumé la fumée ; & rien ne me
prouva mieux que la flamme n’eft
que de la fumée qui brûle, & que
la communication du feu ne peut
fe faire que par la flamme.
d e s M i n é r a u x , II.ae Partie. 91
néceflaire; & qui tous deux fe l’approprient de la même
manière, l’abforbent comme aliment, l’entraînent dans
leur route ou le dépofent fous une forme fixe dans les
jfùbftances qu’ils pénètrent.
Les végétaux & la plupart des infectes n’ont, au lieu
de poumons, que des tuyaux afpiratoires, des èfpèces de
trachées par lefqueiles ils ne faiflent pas de pomper tout
l ’air qui leur eft néceflaire ; on le voit palier en bulles
ties-fenfibles dans la seve de la vigne ; il elt non-leulement
pompe par les racines, mais Ibuvent même par les feuilles;
il fait partie & partie tres-eflentielle de la nourriture du
végétal qui des-lors fe 1 alTimile, le fixe & le conlèrve.
Le petit degré de la chaleur végétale, joint à celui de la
chaleur du foleil, fiiffit pour détruire le relfort de l’air
contenu dans la seve , lîtr-tout lorlque cet air qui n’a pu
etre admis dans le corps de la plante & arriver à la sève,
qu apres avoir pafle par des tuyaux très-ferrés, le trouve
divifé en particules prefque infiniment petites, que le
moindre degre de chaleur fuffit pour rendre fixes. L ’expé-
îience confirme pleinement tout ce que je viens d’avancer;
les matières animales & végétales contiennent toutes une
très-grande quantité de cet air fixe; & c ’eft en quoi
confifte 1 un des principes de leur inflammabilité ; toutes
les matières combuftibies contiennent beaucoup d ’air,
tous les animaux & les végétaux, toutes leurs parties, tous
leurs detrimens, toutes les matières qui en proviennent,
toutes les fùbfiances où ces détrimens fe trouvent mélangés,
contiennent plus ou moins d’air fixe, & la plupart
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