quart, & l ’on diminue celui du marbre de près de moitié;
il y a donc un quart de matière inconnue que le feu donne
au premier, & une moitié d’autre matière également inconnue
qu’il enlève au fécond: Tous les raifonnemens
de la chimie ne nous ont pas démontré julqu’ici ce que
c ’eft que cette matière donnée ou enlevée par le feu; &
il eft évident que lorfqu’on travaille fur le plomb & lùr
le marbre après leur calcination, ce ne font plus ces
matières fimples que l’on traite, mais d’autres matières
dénaturées & compofées par i’aétion du feu. Me feroit-il
donc pas nécelfaire avant tout, de procéder d’après les
vues que je viens d’indiquer, de voir d’abord fous un
même coup d’oeil toutes les matière? que le feu ne change
ni n’altère, enfiiite celles que le feu détruit ou diminue,
& enfin celles qu’il augmente & çompofè en s’incorporant
avec elles l
Mais examinons de plus près la nature du feu confidéré
en lui-même. Puifque c ’eft une ftibftance matérielle, il
doit être fiijet à la loi générale, à laquelle toute matière
eft foumife, il eft le moins pefant de tous les corps, mais
cependant il pèfe; & quoique ce que nous avons dit
précédemment fuffile pour le prouver évidemment, nous
le démontrerons encore par des expériences palpables,
& que tout le monde fera en état de répéter ailèment.
On pourrait d’abord foupçonner par la peianteur réciproque
des aftres, que le feu en grande maffe eft pelant
ainfi que toute autre matière ; car les aftres qui font lumi--
neux comme le loleil, dont toute la fubftance paroiî être
de
d e s M i n é r a u x , I . f f Partie. 5 7
de feu, n’en exercent pas moins leur force d’attraélion
à l'égard des aftres qui ne le font pas : mais nous démontrerons
que le feu même en très-petit volume eft réellement
pelant, qu’il obéit comme toute autre matière à la loi
générale de la peianteur, & que par conféquent il doit avoir,
de même, des rapports d’affinités avec les autres corps; en
avoir plus ou moins avec telle ou telle ftibftance, & n’en
avoir que peu ou point du tout avec beaucoup d’autres.
Toutes celles qu’il rendra plus pelantes comme le plomb ,
feront celles avec lelquelles il aura le plus d’affinité, & en
leftippolànt appliqué au même degré & pendant un temps
égal, celles de ces matières qui. gagneront le plus en
peianteur, lèront aulfi celles avec lelquelles cette affinité
•fera la plus grande. Un des effets de cette affinité dans
chaque matière,eft de retenir la fubftance même du feu,
& de fè l ’incorporer, & cette incorporation fùppolè que
non-lèulement le feu perd fit chaleur & fon élafticité, mais
rrtême tout fon mouvement, puifqu’il le fixe dans ces
corps & en devient partie conftituantè. Il y a donc lieu
de croire qu’il en eft du feu comme de l ’air qui fie trouve
fous une forme fixe & concrète dans prelque tous les
corps , & l’on peut elpérer qu’à l’exemple du docteur
Haies ( p ) , qui a: fil dégager cet air fixé dans tous les
(p) Le phofphore qui n’eft,
pour ainfi dire, qu’une matière
igne'e, une fubftance qui conferve
& condenfe le feu , feroit le premier
objet des expériences qu’il
Supplément. Tome I.
faudrait faire , pour traiter ie feu
comme M. Haies,a traité l’air , &
ie premier infiniment qu.’il faudrait
employer pour ce nouvel art,
. H