Troifièmement : ayant reçu à de grandes diftances,
comme à 100, 200 & 300 pieds, cette même lumière
réfléchie par de grandes glaces, je reconnus qu’elle ne
perdoit prefque rien de là force, par i’épaifleur de l ’air
qu’elle avoit à traverfer.
Enlùite je voulus eflàyer les mêmes choies fur la lumière
des bougies ; & pour m’affùrer plus exactement de la
quantité d’affbibliflèment que la réflexion caulè à cette
lumière, je fis l’expérience luivante.
Je me mis vis-à-vis une glace de miroir avec un livre
à la main, dans une chambre où l’obfcurité de la nuit
étoit entière, & où je ne pouvoisdiltinguer aucun objet:
je fis allumer, dans une chambre voifinc,ja 40 pieds de
diftance environ , une feule bougie, & je la fis approcher
peu à peu, julqu’à ce que je pufle diltinguer les caraétères
& lire le livre que j’avois à la main ; la diftance fe trouva
de 24 pieds du livre à la bougie : enlùite ayant retourné
le livre du côté du miroir, je cherchai à lire par cette
même lumière réfléchie, & je fis intercepter par un paravent
la partie de la lumière direéte qui ne tombqit pas
fur le miroir, afin de n’avoir lùr tnon livre que la lumière
réfléchie. Il fallut approcher la bougie, ce qu’on fit peu
à peu, julqu’à ce que je pufle lire les mêmes caraétères
éclairés par la lumière réfléchie; & alors la diftance du
livre à la bougie, y compris celle du livre au miroir, qui
n’étoit que d’un demi-pied , fe trouva être en tout de
quinze pieds : je répétai cela plufieurs fois, & j ’eus toujours
les mêmes réfultats, à très-peu près ; d’où je conclus
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 403
que la force ou la quantité de la lumière direéte eft à celle
de la lumière réfléchie, comme 576 à 225 ; ainfi l’effet de
la lumière de cinq bougies reçues par une glace plane, eft à
peu-près égal à celui de la lumière direéte de deux bougies.
La lumière des bougies perd donc plus par la reflexion
que la lumière du Soleil ; & cette différence vient de
ce que les rayons de lumière qui partent de la bougie
comme d’un centre, tombent plus obliquement lùr le
miroir que les rayons du Soleil qui viennent prefque parallèlement.
Cette expérience confirma donc ce que j’avois
trouvé d’abord, & je tins pour fur que la lumière du
Soleil ne perd qu’environ moitié par là reflexion fur une
glace de miroir.
Ges premières connoiflànces dont j avois belbin étant
acquifes, je cherchai enfuite ce que deviennent en effet
les images du Soleil lorlqu’on les reçoit a de grandes
diftances. Pour bien entendre ce que je vais dire, il ne
faut pas, comme on le fait ordinairement, confiderer les
rayons du Soleil comme parallèles; & il faut lè lbuvenir
que le corps du Soleil occupe à nos yeux une étendue
d’environ 3 2 minutes ; que par conlëquent les rayons qui
partent du bord lùpérieur du difque, venant à tomber lùr
un point d’une lùrface réfléchiflànte, les rayons qui partent
du bord inférieur, venant à tomber auffi fur le meme
point de cette lurfàce, ils forment entr’eux un angle de
32 minutes dans l’incidence & enlùite dans la réflexion*
& que par conféquent l’image doit augmenter de grandeur
à mefure qu’elle s’éloigne : il faut de pltïs faire attention