13 4 I n t r o d u c t i o n 4 l ’H i s t o i r e
Je ne fais pas comment on peut imaginer qu’une loi
phyfique, telle qu’eft celle de l’attraélion, puiffe être exprimée
par deux termes par rapport aux diftances, car s’il
y avoit, par exemple, upe maffe M dont la yertu attraélive
fut exprimée par M — 1- , n’cn réfulteroit - il pas le
même effet que fi cette maffe étoit compofée de deux
matières différentes . comme, par exemple, de i M, dont
la loi d’attraction fût exprimée par & de ~ M, dont
l ’attraction fût ! cela me paroît abfurde',
Mais indépendamment de ces impoffibilités qu’implique
la fùppofition de M. Ciairaut, qui détruit auffi l ’unité de
loi fur laquelle, eft fondée la vérité & la belle fimplicité
du fÿftème du monde , cette fùppofition fouffre bien
d’autres difficultés que M. Ciairaut devoit, ce me fèmble,
fè propofèr avant que de l’admettre, & commencer au
moins par examiner d’abord toutes les cauffis particulières
qui pourraient produire le même effet. Je fèns,que fi
j ’euffe réfolu, comme M. Ciairaut, le problème des trois
corps, & que j’euffe trouvé que {a théorie, de fa gravita-
tion ne donne en effet que la moitié du mouvement de
l ’apogée, je n’en aurais pas tiré la conclufion qu’il en
tire contre la loi de l’attraélion ; auffi efl-çe cette çonclu-
fion que je contredis, & à laquelle je ne crpis pas qu’on
fait obligé de fbufcrire, quand même M. Ciairaut aurait
pu démontrer J’infuffifànçe de toutes les autres çaufçs
particulières.
d e s M i n e r a u x , IL * Partie, 13 3
Newton ditf, page 5437, tom e lll: lnhis computationibus
attradionem magneticam terroe non confideravi, cujus itaque
quantitas perparva efi ir ignoratur; f i quando veto hoec attradio
invefiigari poterit, ir menfiura graduwn in meridiano, ac longi-
tudines pendulorum ifioclironorum in diverfisparallelis, legefique
motuwn maris ir parallaxis Lunæ cum diametris apparentibus
Solis ir Lunæ ex phoenomenis accuratihs déterminâtes fiierint,
licebit calculum hune omnem accuratii/s repetere. C e paffao-e
ne prouve-t-il pas bien clairement que Newton n’a pas
prétendu avoir fait l’énumération de toutes les caufes particulières,
& n’indique-t-il pas en effet que fi on trouve
quelques différences avec fa théorie & les obfervations,
cela peut venir de fa force magnetique.de la Terre ou de
quelqu’autre caufe fecondaire, & par conféquent fi le
mouvement des apfides ne s’accorde pas auffi exactement
avec fa théorie que le refie, faudra-t-il pour cela ruiner
là théorie par le fondement, en changeant la loi générale
de la gravitation ! ou plutôt ne fàudra-t-ii pas attribuer à
d autres caufès cette différence qui ne fe trouve que dans
ce feul phénomène ! M. Ciairaut a propofé une difficulté
contre le fyftème de Newton , mais ce n’eft tout au plus
qu une difficulté qui ne doit ni ne peut devenir un principe,
il faut chercher à la réfoudre, & non pas-en faire
une théorie, dont toutes, les conféquences ne font appuyées
que fur un calcul ; car,comme je l’ai dit, on peut
tout repréfènter avec un cafcuf, & on ne réali/è rien ; &
fi on fe permet de mettre un ou plufieurs termes à la fuite
de 1 expreffion d’une loi phyfique, comme l ’eft celle de