356 I n t r o d u c t i o n à l’H i s t o i r e
une très-bonne expérience ( k ) , qui prouve clairement
que les vieilles ferrailles & même les écailles ou, exfoliations
qui fe détachent de la furface du fer | & que bien
des gens prennent pour des fcoriès, fe foudent enfèmble
de la manière la plus intime , & que par conféquent le fer
qui en provient eft d’auffi bonne & peut-être de meilleure
qualité qu’aucun autre. Mais en même temps il conviendra
avec moi, & il obfèrve même dans la fuite de fon Mémoire
, que cet excellent fer ne doit pas être employé
fèul, par la raifon même qu’il eft trop parfait; & en effet,
un fer qui, fortant de la forge, a toute fà perfection,
n’eft excellent que pour être employé tel qu’il eft, ou
pour des ouvrages qui ne demandent que des chaudes
fi) Qu’on prenne une barre de
fer, large de deux à trois pouces,
cpiiific de deux à trois lignes, qu’on
la chauffe au rouge, & qu’avec la
panne du marteau on y pratique
dans fa longueur une cannelure ou
cavité, qu’on la plie fur elle-même
pour la doubler & corroyer, l’on
remplira enfuite la cannelure des
écailles ou pailles en queftion ; on
lui donnera une chaude douce:
d’abord en rabattant les bords, pour
empêcher qu’éllès ne s’ échappent,
& on battra la barre comme on
le pratique pour corroyer le fer
avant de la chauffer au blanc; on
la chauffera enfuite blanche &
fondante, & la pièce foudera à
merveille, on la caffera à froid &
l’on n’y verra rien qui annonce que
la (oudure n’ait pas été complète
& parfaite, & que toutes les parties
du fer ne fe foieht pas pénétrées
réciproquement fans laiffer aucun
efpace vide. J’ai fait cette expérience
aifée à répéter, qui doit
raflurer fur les pailles j loit qu’elles
foient plates ou qu’elles aient la,
forme d’aiguilles , puifqu’elles ne
font autre chofe que du fer,
Comme la barre avec laquelle on
les incorpore, o ù elles ne forment;
plus qu’une même maflè avec elfe.
UES M l NÈ R. AUX, Partie Expérimentale. 3 5 7
douces; car toute chaude vive, toute chaleur à blanc le
dénature ; j’en ai fait des épreuves plus que réitérées fur
des morceaux de toute grofîeur; le petit fer fè dénature
un peu moins que le gros, mais tous deux perdent la plus
grande partie dé leur nerf dès la première chaude à blanc;
une fécondé chaude pareille change & achève de détruire
le nerf, elle altère même la qualité du grain qui, de fin
qu’il étoit, devient greffier & brillant comme celui du fer
le plus commun ; une troifième chaude rend ces grains
encore plus gros, & laiffe déjà voir entre leurs interftices
des parties noires de matière brûlée ; enfin en continuant
de lui donner des chaudes, on arrive au dernier degré
de fà décompofition, & on le réduit en une terre morte
qui ne paraît plus contenir de fùbftance métallique, &
dont on ne peut faire aucun ufage. Car cette terre morte
n’a pas, comme la plupart des autres chaux métalliques,
la propriété de fe revivifier par l’application des matières
combuftibles; elle ne contient guère plus de fer que le
mâchefer commun tiré du charbon des végétaux; au lieu
que les chaux des autres métaux fè revivifient prefque en
entier ou du moins en très-grande partie, & cela achève
de démontrer que le fer eft une matière prefque entièrement
combuftible.
Ce fer que l’on tire, tant de cette terre ou chaux de
fer, que du mâchefer provenant du charborr, m’a paru
d’une fmgulière qualité, il eft très-magnétique & très-
infufible, j’ai trouvé du petit fable noir auffi magnétique,
auffiindiftbluble, & prefque infufible dans quelques-unes