dont les foyers feront variables, & qui brûleront à de
petites diflances avec une grande vivacité; & en les montant
à peu-près comme l’on monte les parafols, il ne faudrait
qu’un foui mouvement pour en ajufler le foyer.
Maintenant que j ’ai rendu compte de ma découverte &
du fùccès de mes expériences, je dois rendre à Archimède
& aux Anciens, la gloire qui leur efl due. Il efl certain
qu’Archimède a pu faire avec des miroirs de métal ce
que je fais avec des miroirs de verre ; il efl ftir qu’il avoit
plus de lumières qu’il n’en faut pour imaginer la théorie
qui m’a guidé & la mécanique que j’ai fait exécuter, &
que par conféquent on ne peut lui refufer le titre du
premier inventeur de ces miroirs, que l’occafion où il
fut les employer, rendit fans doute plus célèbres ‘que le
mérite de la chofe même.
Pendant le'temps que je travaillois à ces miroirs, j ’igno-
rois le détail de tout ce qu’en ont dit les Anciens ; mais
après avoir réuffi à les faire, je fus bien aifo de m'en inf-
t-ruire. Feu M. Melot, de l’Académie des Belles-Lettres,
& l’un des Gardes de la Bibliothèque du Roi, dont la
grande érudition & les talens étoient connus de tous les
Savans, eut la bonté de me communiquer une excellente
Differtation qu’il avoit faite fur ce fùjet, dans laquelle il
rapporte les témoignages de tous les Auteurs qui ont parlé
des miroirs ardens d’Archimède; ceux qui en parlent le
plus clairement font, Zonaras & Tzetzès, qui vivoient
tous deux dans le xil.c fiècle : le premier dit , qu 'Archimède
avec les miroirs ardens, mit en cendr.es toute la flotte
d e s M i n é r a u x , Partie Expérimentale. 4 2 5
des Romains : ce Géomètre, dit - il , ayant reçu les rayons du.
Soleil fur un miroir, à l ’aide de ces rayons raffemblés if réfléchis
par l ’épaiffeur if le poli du miroir, il embrafa l ’air, if alluma
me grande flamme qu’il lança toute entière fu r les vaijfeaux qui
mouilloient dans la fphère de fon afiivité, if qui furent tous
réduits en cendres. Lemêmé Zonaras rapporte auffi, qu’au
fiége de Conftantïnople, fous l ’empire d’Anaflafo, l’an
5 1 4 de Jéfus-Chrift, Proclus brûla avec des miroirs
d’airain, la flotte de Vitalien qui affiégeoit Conflantinople;
& il ajoute que ces miroirs étoient une découverte ancienne,
& que l’hiflorien Dion en donne l’honneur à
Archimède qui la fit, & s’en forvit contre les Romains,
iorfque Marcellus fit le fiége de Syraeufe.
Tzetzès non-feulement rapporte & allure le fait des
miroirs, mais même H en explique en quelque façon la
conftruélion. Iorfque les vaijfeaux Romains, dit-il, furent
à la portée du trait, Archimède fit faire une efpèce de miroir
hexagone, if d’autres plus petits de vingt-quatre angles chacun,
qu’il plaça dans une diflance proportionnée if qu’on pouvait
mouvoir à t ’aide de leurs charnières if de certaines lames de
métal ; ilplaça le miroir hexagone de façon qu’il étoit coupé par
le milieu par le méridien d ’hiver if d ’été, enforte que les rayons
du Soleil reçus fur ce tniroir venant à fe brifer, allumèrent un
grand feu qui réduiflt en cendres les vaijfeaux Romains, quoiqu’ils
fujjent éloignés de la portée Sun trait, C e paffage me
paraît affez clair ; il fixe la diflance à laquelle Archimède
a brûlé, fa portée du trait ne peut guère être que de 150
Ou 200 pieds; il donne l’idée de la conftruélion, & fait