les tôles qui Ce fabriquent en France, plus des trois
quarts dont les languettes ont été faites au martinet. Cela
ne peut pas être autrement, me dira-1-on, toutes les
batteries n’ont pas à côté d’elles une fenderie & des
cylindres montés, je l’avoue & c ’efl ce dont je me plains ;
on a tort de permettre ces petits établiffemens particuliers
qui ne fobfiftent qu’en achetant dans les greffes forges
les fers au meilleur marché, c’efl-à-dire, tous les plus
médiocres, pour les fabriquer enfuite en tôle & en petits
fers de la plus mauvaifè qualité.
Un autre objet fort important font les fers de charrue,
on ne fàuroit croire combien la mauvaifè qualité du fer
dont on les fabrique fait de tort aux laboureurs ; on leur
livre inhumainement des fers qui caffent au moindre effort,
& qu’ils font forcés de renouveler prefque auffi fouvent
que leurs cultures ; on leur fait payer bien cher du mauvais
acier dont on arme la pointe de ces fers encore plus
mauvais, & le tout efl perdu pour eux au bout d’un an,
& fouvent en moins de temps; tandis qu’en employant
pour ces fers de charrue, comme pour la tô le, le fer le
meilleur & le plus nerveux, on pourroit les garantir pour
un ufàge de vingt ans, & même Ce difpenfor d’en aciérer
la pointe ; car j’ai fait faire plufieurs centaines de ces fers
de charrue dont j’en ai fait effayer quelques-uns fans
acier, & ils Ce font trouvés d’une étoffe affez ferme pour
réfifler au labour. J ’ai fait la même expérience for un
grand nombre de pioches ; c ’efl la mauvaifè qualité de
nos fers qui a établi chez les taillandiers l’ufàge général
DES MIN É R A U X , Partie Expérimentale. 363
de mettre de l’acier à ces inftrumens de campagne, qui
n’en auroient pas befoin s’ils étoient de bon fer fabriqué
avec des languettes paffées fous les cylindres.
J ’avoue qu’il y a de certains ufàges pour iefquels on
pourroit fabriquer du fer aigre, mais encore ne faut-il pas
qu’il foit à trop gros grain ni trop cafîànt ; les clous pour
les petites lattes à tuile, les broquettes & autres petits clous
plient lorfqu’ils font faits d’un fer trop doux, mais à l’exception
de ce foui emploi, qu’on ne remplira toujours que
trop, je ne vois pas qu’on doive Ce forvir de fer aigre. Et
fi dans une bonne manufoéture on en veut faire une certaine
quantité, rien n’efl plus aifë ; il ne faut qu’augmenter
d’une mefore ou d’une mefore & demie de mine au fourneau
, & mettre à part les gueufos qui en proviendront,
la fonte en fora moins bonne & plus blanche. On les fera
forger à part en ne donnant que deux chaudes à chaque
bande, & l ’on aura du fer aigre qui Ce fendra plus aifoment
que l’autre , & qui donnera de la verge caffante.
Le meilleur fer, c ’e fl-à -d ire , celui qui a le plus de
nerf, & par conféquent le plus de ténacité peut éprouver
cent & deux cents coups de maffe fans Ce rompre, &
comme il faut néanmoins le caffer pour tous les ufàges de la
fenderie & de la batterie, & que cela demanderait beaucoup
de temps, même en s’aidant du cifoau d’acier, il vaut
mieux foire couper fous le marteau de la;forge, les barres
encore chaudes à moitié de leur épaiffeur, cela n’empêche
pas le marteleur de les achever, & épargne beaucoup de
temps au fendeur & au platineur. Tout le fer que j’ai foit
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