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des Efpagnols, & ils ne connoiffoient pas le fe r , qu’il
aurait néanmoins fallu employer dans le départ à fec en
grande quantité. Les Efpagnols' eux-mêmes n’ont point
établi de fourneaux à fondre les mines de fer en cette
contrée, dans les premiers temps qu’ils l’ont habitée;
il y a donc'toute apparence qu’ils ne fe font pas fervis de
limaille de fer pour le départ de l’or, du moins dans
les commencemens de leurs travaux, qui d’ailleurs ne
remontent pas à deux fiècles & demi, temps beaucoup
trop court pour une produétion aulfi abondante que celle
de la platine, qu’on ne Iailfe pas de trouver en affez
grande quantité & dans plufieurs endroits.
D ’ailleurs lorfqu’on mêle de l’or avec du fer , en les
faifànt fondre enfembie, on peut toujours, par les voies
chimiques, les féparer & retirer l’or en entier; au lieu
que jufqu’à préfènt les Chimiftes n’ont pu faire cette
féparation dans la platine, ni déterminer la quantité d’or
contenue dans ce minerai : cela femble prouver que l’or
y eft uni d’une manière plus intime que dans l’alliage
ordinaire, «St que le fer y eft aufti, comme je l’ai dit,
dans un état différent de celui du fer commun. La platine
ne me paroît donc pas être l’ouvrage de l’homme, mais
le produit de la Nature, & je fuis très-porté à croire qu’elle
doit fa première origine au feu des volcans. Le fer brûlé,
autant qu’il eft poffible, intimément uni avec l’or par la
fublimation ou par la fufion, peut avoir produit ce minéral,
qui, d’abord ayant été formé par l’aélion du feu le plus
violent, aura enfiiite éprouvé les impreffions de l’eau &
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les frottemens réitérés qui lui ont donné la forme qu’ils
donnent à tous les autres corps, c ’eft-à -d ire , celle des
galets «St des angles émoufles. Mais il fe pourrait aufti que
l’eau feule eût produit la platine ; car en fùppofànt l’or &
le fer tous deux divifés autant qu’ils peuvent l’être par la
voie humide, leurs molécules, enfe réuniffant, auront pu
former les grains qui la compofent, & qui depuis les plus
pefâns jufqu’aux plus légers, contiennent tous de l’or «St
du fer. La propofition du Chimifte qui offre de rendre
à peu-près autant d’or qu’on lui fournira de platine, fem-
bleroit indiquer qu’il n’y a en effet qu’un onzième de fer
fur dix onzièmes d’or dans ce minéral ou peut-être encore
moins ; mais l’à-peu-près de ce Chimifte, eft probablement
d’un cinquième ou d’un quart, & ce feroit toujours beaucoup
fi fa promeffe pouvoit fe réalifer à un quart près.
S e c o n d e a d d i t i o n .
M’ é tant trouvé à Dijon, cet été 1 7 7 3 ,l’Académie
des Sciences «St Belles-Lettres de cette ville, dont j’ai
l’honneur d’être Membre, me parut defirer d’entendre la
leélure de mes obfervations fur la platine ; je m’y prêtai
d’autant plus volontiers, que fur une matière aufti neuve
on ne peut trop s’informer ni conftilter affez, & que j’avois
lieu d’efpérer de tirer quelques lumières d’une compagnie
qui raffembie beaucoup de perfbnnes inftruites en tous
genres. M. de Morveau, Avocat général au Parlement
de Bourgogne , aufti favant Phyficien que grand Jurift-
confùlte, prit la réfolution de travailler fur la platine; je