jours , pendant lefquels il y avoiteu des pluies , je les fis
fonder & frapper au marteau par le même ouvrier qui
les avoit trouvées très-dures quinze jours auparavant;
il reconnut avec moi que la pierre à feu qui étoit la plus
poreufe, & dont le grain étoit le plus gros , n’ étoit déjà
plus auffi dure & qu’elle fe laiffoit travailler plus aifément.
Mais les deux autres efpèces, & fiir-tout celle dont le
grain étoit le plus fin , avoient confervé la même dureté,
néanmoins elles la perdirent en moins de fix fèmaines.
Et les ayant fait alors éprouver à la balance hydroftatique,
je reconnus qu’elles avoient auffi perdu une affez grande
quantité de la matière fixe que la chaleur y avoit dépofée.
Néanmoins au bout de plufieurs mois elles étoient toujours
fpécifiquement plus pefantes d’un 150.° ou d’un i6o.°
que celles qui n’avoient point été chauffées. La différence
devenant alors trop difficile à fàifir entre ces morceaux
& ceux qui n’avoient pas été chauffés, & qui tous étoient
également expofés à l’air, je fus forcé de borner là cette
expérience, mais je fois perfoadé qu’avec beaucoup de
temps ces pierres auroient perdu toute leur pelànteur
acquifè. Il en eft de même de la dureté, après quelques
mois d’expofition à l’air, les ouvriers les ont traitées tout
auffi aifément que les autres pierres de même efpèce qui
n’avoient-point été chauffées.
Il réfolte de cette expérience , que les particules de
chaleur qui fe fixent dans la pierre, n’y font, comme je
l’ai dit, unies que par force ; que quoiqu’elle les confèrve
après fon entier refroidiffement & pendant affez long-
DES M IN É R A U X , Partie Expérimentale, 395
temps, fi on la préferve de toute humidité ; elle les perd
néanmoins peu-à-peu par les impreffions de l’air & de
la pluie, fans doute parce que l’air & l’eau ont plus
d’affinité avec la pierre que les parties de la chaleur qui s y
étoient logées. Cette chaleur fixe n’eft plus aétive, elle
eft pour ainfi dire morte, & entièrement paffive ; dès-lors
bien loin de pouvoir chaffer l’humidité, celle-ci la chafie
à fon tour & reprend toutes les places qu’elle lui avoit
cédées. Mais dans d’autres matières qui n’ont pas avec
l’eau autant d’affinité que la pierre calcaire, cette chaleur
une fois fixée n’y demeure-t-elle pas conftamment & à
toujours! c ’eft ce que j ’ai cherche a conftater par 1 expei
rience foivante.
S i x i è m e e x p é r i e n c e .
J ’a i pris plufieurs morceaux de fonte de fer que j’ai
fait caffer dans les gueufes qui avoient fervi plufieurs fois
à foutenir les parois de la cheminée de mon fourneau,
& qui par conféquent avoient été chauffées trois fois
pendant quatre ou cinq mois de fuite au degré de chaleur
qui calcine la pierre, car ces gueules avoient fbutenu
les pierres ou les briques de l’intérieur du fourneau, &
n’étoient défendues de i’aétion immédiate du feu que par
une pierre épaiffe de trois ou quatre pouces qui formoit
le dernier rang des étalages du fourneau; ces dernières
pierres , ainfi que toutes les autres dont les étalages étoient
conftruits, s’étoient réduites en chaux à chaque fondage,
& la calcination avoit toujours pénétré de près de huit
D d d ij