réunifient ici pour rendre cette matière la moins acceffible
de toutes au progrès de la chaleur. Je préfùme donc que
la platine feroit à la tête de ma Table & avant le fer fi je
i’avois mifeen expérience, mais il ne m’a pas été pofiible
de m’en procurer un globe d’un pouce de diamètre ; on
ne la trouve qu’en grains ( a ) , & celle qui eft en malfe
n’eft pas pure, parce qu’on y a mêlé, pour la fondre,
d’autres matières qui en ont altéré la nature, ü n de mes
amis ( b ) , homme de beaucoup d’elprit, qui a la bonté
de partager fouvent mes vues, m’a mis à portée d’examiner
cette fùbftance métallique encore rare , & qu’on
ne connoît pas allez. Les Chimiftes qui ont travaillé fur
la platine, l’ont regardée comme un métal nouveau, parfait
, propre, particulier & différent de tous les autres
métaux; ils ont affuré que la pelànteur Ipécifxque étoit à
très-peu-près égale à celle de l’or, que néanmoins ice
huitième métal différoit d’ailleurs effentiellement de l’or ,
n’en ayant ni la duélilité ni la fufibilité. J ’avoue que je
fuis dans une opinion différente & même toute oppofée.
Une matière qui n’a ni duélilité ni fufibilité, ne doit pas
'être mile au nombre des métaux, dont les propriétés
(a) Un homme digne de foi,
m’a néanmoins affuré qu’on trouve
quelquefois de la platine en malle,
& qu’il en avoit vu un morceau
de vingt livres pelant qui n’avoit
point été fondu, mais tiré de la
■ mine même.
(b) M. le comte de la Billar-
derie d’Angivillers, de l’Académie
des Sciences, Intendant enfur-
vivance du Jardin & du Cabinet
du Roi.
d e s M i n é r a u x , P a r t ie E x p é r im e n ta le . 3 0 3
clfentielles & communes font d’être fufibles & duéliles.
Et la platine, d’après l’examen que j’en ai .pu faire, ne
me paroît pas être un nouveau métal différent de tous
les autres, mais un mélange, un alliage de fer & d’or
formé par la Nature, dans lequel la quantité d’or femble
dominer fur la quantité de fer ; & voici les faits lùr lefquels
je.crois pouvoir fonder cette opinion.
D e huit onces trente-cinq grains de platine que m ’a
fournie M. d’Angivillers, & que j’ai préfentée à une forte
pierre d’aimant, il ne m’en eft refié qu’une once un gros
vingt-neuf grains, tout le relie a été enlevé par l’aimant
à deux gros près, qui ont été réduits en poudre qui s’ell
attachée aux feuilles de papier, & qui les a profondément
noircies , comme je le dirai tout-à-l’heure ; cela fait donc
à. très-peu-près fix feptièmes du total qui ont été attirés
par l’aimant; ce qui elt une quantité fi confidérable, relativement
au tout, qu’il eft impoffible de fè refulèr à croire
que le fer ne foit contenu dans la lùbllance intime de la
platine, & qu’il n’y foit même en alfez grande quantité.
Il y a plus; c ’ell que fi je ne m’étois pas laffé de ces
expériences, qui ont duré plufieurs jours, j ’aurois encore
tiré par l’aimant une grande partie du reliant de mes
huit onces de platine : car l’aimant en attiroit encore
quelques grains un à un, & quelquefois deux quand on a
celfé de le préfenter. Il y a donc beaucoup de fer dans
la platine ; & il n’y eft pas Amplement mêlé comme
matière étrangère, mais intimément uni, & failànt partie
Je là lùbllance, ou fi l’on veut le nier, il faudra fiippolèr